Redressement productif : quelles politiques pour l'emploi ?
Plus que des mesures de primes à la casse ou autre " Montebourettes " qui pourraient voir le jour à l'instar des balladurettes en leur temps, c'est la question de l'emploi qui s'impose à Arnaud Montebourg. Les différents plans sociaux sur lesquels il a déjà pris position, à défaut de pouvoir agir concrètement, sont emblématiques de la tache qui l'attend au cours des prochains mois. Et le ministre du Travail Michel Sapin a beau annoncer 80.000 contrats aidés supplémentaires à destination des jeunes, cela ne règle en rien la question de l'emploi dans l'industrie.
Mais l'INSEE a annoncé hier une légère reprise de l'emploi dans le secteur marchand au premier trimestre... selon vous, cette annonce n'est pas significative ?
18.000 créations de postes entre janvier et mars... ce n'est pas un feu de paille, c'est une goutte d'eau dans l'océan du marché du travail. Il faut savoir que, chaque année, la France embauche... 16 millions de personnes. Vous avez bien entendu : 16 millions de personnes trouvent un emploi tous les ans... mais parallèlement 16 millions quittent leur poste. Le stock d'emploi est stable mais au prix d'un important roulement. 90% des embauches se font en contrat à durée déterminée (70% de ces 90% sont des contrats inférieurs à 1 mois). 10% des postes sont des Contrats à Durée Indéterminés... autrement dit : une paille !
Quelles conclusions en tirez-vous ?
Deux conclusions principales auxquelles Arnaud Montebourg sera, par la force des choses, confronté au cours de son mandat, au nom du renforcement du droit des salariés. D'abord qu'il est de plus en plus délicat, voire inopérant, de défendre coûte que coûte les Contrats à Durée Indéterminé dans des secteurs de moins en moins productifs. Exemple concret : faire croire au sidérurgiste qu'il fait un métier d'avenir en France c'est lui mentir. Au mieux, c'est prolonger son espoir de quelques mois ou quelques années mais c'est surtout lui faire perdre du temps. La deuxième conclusion découle de la première : il faut améliorer l'accompagnement des personnes dont on sait justement qu'elles vont perdre leur emploi car leur secteur d'activité est voué aux gémonies. Tout mettre en œuvre pour fluidifier la transition des emplois non productifs vers les emplois d'avenir (nouvelles technologies, énergies vertes, services...)... voilà le vrai enjeu. C'est politiquement invendable... mais la politique n'est-elle pas un art... surtout quand on la verve et la faconde d'Arnaud Montebourg.
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