Qui d'Airbus ou Boeing profite le plus des subventions étatiques ?
Cette guerre dure depuis 2004, date à laquelle l’affaire a été portée devant l’OMC. Les deux constructeurs aéronautiques s’accusent mutuellement de profiter d’aides d’Etats et de fausser les règles du jeu commercial. Selon Airbus, de 1989 à 2006, Boeing a perçu entre 5 et 6 millions d’euros de subventions... de son côté Boeing, accuse son rival d’avoir reçu entre 4 et 6 fois plus.
Qu’en est-il en réalité ?
Aujourd’hui, aucun acteur de la construction aéronautique ne peut lancer un programme sans une politique de soutien. Les enjeux financiers sont tels que les banques n'ont jamais soutenu les projets sans amorce des Etats, que ce soit en termes de recherche, de développement, d’industrialisation et de commercialisation. Trop risqué pour les banquiers d’y aller seul. Les Etats sont donc obligés de monter au créneau... d’autant plus que l’aéronautique est un secteur stratégique qui influence la balance commerciale d’un pays. Ces subventions sont en réalité des prêts octroyés à des conditions plus avantageuses que ce que proposent les banques avec des taux d’intérêts supérieurs. On appelle cela des avances remboursables. Les Etats avancent l’argent et les opérateurs remboursent au fur et à mesure des ventes.
Mais à quel niveau intervient alors l’Organisation Mondiale du Commerce ?
Son rôle est de veiller au respect des règles concurrentielles, vérifier que le montant des subventions ne pénalise ou ne favorise l’un ou l’autre groupe sur le plan commercial. Une subvention peut très vite devenir une pré vente d’appareil. C’est là où l’exercice se complique. Hier, l’OMC n’a pas tranché clairement car elle n'a pas de pouvoir de sanction, elle est arbitre. Le problème avec les Etats-Unis c’est qu’ils affichent un libéralisme qu’ils n’appliquent pas. Boeing qui travaille sur des programmes militaires transfère une partie des financements gouvernementaux du militaire vers les programmes civils, ce que ne fait pas l'Europe avec Airbus.
Et l’Europe n’utilise pas les mêmes pratiques ?*
Le problème est ailleurs sur le Vieux Continent où plusieurs Etats sont actionnaires d’Airbus, via la maison-mère EADS. De l’autre côté de l’Atlantique, l’entreprise BOEING n’a qu’un Etat comme porteur de capital. Adepte du consensus, l'OMC dirigée par le Français Pascal Lamy donne six mois à Boeing pour se mettre en conformité avec ses recommandations. Passé ce délai, l'affaire pourrait être portée devant les tribunaux.
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