Que sont devenus les 1.000 milliards d'euros prêtés aux banques par la BCE ?
C’est la question que se posent effectivement de nombreux élus européens, toutes tendances confondues. Le Commissaire en charge des marchés financiers, Michel Barnier, s’en est même récemment inquiété auprès du Président de la BCE Mario Dragui. Bruxelles, qui réclame la discipline budgétaire à ses Etats membres, ne tient pas à renouveler l’erreur commise avec la Grèce. Les fonctionnaires bruxellois avaient tardé à vérifier les comptes publics d'Athènes et on sait ce qu’il en advint. Hors de question de commettre la même erreur avec l’argent débloqué par la Banque Centrale Européenne... : 1000 milliards d’euros prêtés aux banques commerciales pour soutenir l’activité. Depuis, très peu d’établissements financiers ont joué la transparence… difficile de savoir par exemple quelles banques de la Zone euro sont allées se refinancer auprès de la BCE… et celles qui l’ont fait n’ont toujours pas communiqué explicitement sur l'utilisation des précieux deniers.
A quoi était censé servir cet argent prêté par la banque centrale ?
A soutenir les pays en difficulté et renforcer les fonds propres des banques pour maintenir l'offre de crédit. Sur ce dernier point : les résultats ne sont pas au rendez-vous. Au niveau européen, les emprunts accordés aux entreprises ont diminué de 14 milliards d’euros entre les mois de janvier et mars… pour les particuliers, le repli a atteint 5 milliards. Concernant l’hexagone, les chiffres de la Banque de France font état d’un niveau de crédits immobiliers au plus bas depuis trois ans. Les établissements prêteurs s’en défendent… ils expliquent cette morosité par un défaut de demande et non d’offre. En période de crise, entreprises et particuliers seraient mois enclins à emprunter... ce qu'il reste à vérifier.
Et qu’en est-il de l’argent destiné aux Etats pour se renflouer ?*
Et bien là encore, il est difficile de faire un bilan. Les établissements qui ont emprunté auprès de la BCE au taux de 1% ont ensuite prêté cet argent à un taux supérieur aux Etats pour les aider à se désendetter. Les banques ont donc réalisé une plus value dont elles se sont servi pour renforcer leurs fonds propres comme le leur impose la réglementation internationale (les accords de Bâle III). Sans les banques, l’économie ne fonctionnerait pas, c'est vrai. Mais le temps est venu pour ces entreprises de jouer la transparence. Faire oeuvre de pédagogie face à une opinion publique fatiguée de ne plus rien comprendre aux rouages du système.
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