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Que cachent les taux d'intérêt négatifs ?

La France continue d'emprunter sur les marchés à des taux d'intérêt négatifs pour rembourser sa dette. Paris a ainsi levé lundi 1er février près de 7 milliards d'euros à des conditions plus qu'avantageuses. Cette pratique de taux d'intérêts négatifs est de plus utilisée par les banques centrales
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Illustration prétexte © Fotolia)

Les taux d'intérêt négatifs, c'est le Livret A à l'envers. C'est un peu comme si vous aviez beaucoup d'argent et que vous alliez déposer vos liquidités sur votre livret d’épargne. Votre banquier vous dit alors : "vu les sommes que vous voulez épargner, vous feriez mieux de les utiliser pour consommer... cela relancerait l'activité économique ! Donc je veux bien prendre votre placement, mais plutôt que de vous offrir un taux de rémunération de 0,5%, je vous prélève 0,5%"... Autrement dit  c'est une mesure dissuasive.

C'est ce principe que les banques centrales appliquent aux banques commerciales

Les taux d'intérêt négatifs ne sont ni plus ni moins qu'une taxe - ou une amende - pour les banques commerciales, qui parquent leur argent dans les coffres d'une banque centrale : non seulement elles ne sont plus rémunérées pour leurs dépôts, mais, en plus, doivent payer le parking.

L'idée est de décourager le stockage de liquidité et d'inciter les établissements financiers à injecter leur argent disponible dans l'économie réelle, notamment en augmentant leurs crédits aux ménages et aux entreprises.

Les sommes dont on parle sont rondelettes : pour la seule journée du jeudi 28 janvier, les banques européennes ont déposé 190 milliards d'euros à la Banque centrale européenne

Les Etats sont aussi bénéficiaires de cette politique de taux d'intérêts négatifs

Il faut savoir que Paris s'endette depuis fin août 2014 à des taux négatifs sur des échéances de court terme. Cela signifie que les investisseurs, qui cherchent des placements sûrs, préfèrent perdre de l'argent en nous prêtant. Aux yeux des opérateurs, la France est une valeur sûre.

L'institut Messine (un think tank qui réunit notamment des commissaires aux comptes) publie ce mardi 2 février un document très argumenté sur la question. Il montre notamment que cette politique de taux d'intérêts négatif est loin de n'avoir que des bons côtés.

Pour certains économistes, cela punit l'épargne... pour d'autres, en Europe, nous avons recours aux taux négatifs parce que l'on n'a pas "nettoyé" les bilans de nos banques.

Rapport de l'Institut Messine

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