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PS et UMP : quels appels du pied jusqu'au 6 mai ?

Gros plan sur la dimension économique de l'entre deux tours de l'élection présidentielle. Les programmes des deux candidats restant en lice sont connus, peuvent-ils évoluer d’ici le 6 mai ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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Chacun va rester sur ses fondamentaux. En revanche, certains dossiers, certains sujets économiques, vont permettre à chacun des deux finalistes d'aller puiser de potentiels partisans dans les viviers Le Pen et Bayrou d'ici le second tour. Dans l'absolu : les deux points sur lesquels on attend François Hollande et Nicolas Sarkozy (au-delà même du 6 mai) sont les dépenses publiques et l’Europe. Les dépenses publiques car il en va de la dette du pays (sans maîtrise des comptes, impossible d’emprunter à des conditions avantageuses sur les marchés... c'est une réalité qu'aucun candidat, quelle que soit sa couleur politique, ne peut ignorer). Et puis l’Europe... le vote d'hier fut un vote "de crise" sur fond de vives tensions en zone euro et, quoi qu’en disent certains : l’avenir de la France ne peut pas s’envisager en dehors du Vieux continent. Couper totalement les ponts avec l’Allemagne, par exemple, serait suicidaire. Les Français le savent bien.


Les deux semaines qui viennent vont donc servir à faire des appels du pied. Quels arguments chacun peut-il faire valoir ?*

De toute évidence, sur le fond des dossiers économiques, il sera plus facile à Nicolas Sarkozy de convaincre les électeurs de François Bayrou - au moins un tiers d'entre eux - que ceux de Marine Le Pen. On l’a vu pendant la campagne : François Bayrou est obsédé par la dette et ses électeurs sont demandeurs d’une plus grande rigueur, au sens de la discipline. Bayrou veut rétablir l’équilibre budgétaire fin 2015 contre fin 2016 pour Nicolas Sarkozy. Divergence de timing… il faut gagner un an ?... dont acte ! Jusqu’au 6 mai, le discours du Président sortant risque bien d’être « toujours plus haut, toujours plus fort » en matière de réduction de dépenses publiques… ce qui veut dire, probablement, quelques milliards d’euros d’économies supplémentaires… mais pas de hausse d’impôts, au moins à court terme. Par contre, la marge de manœuvre est beaucoup plus étroite pour Nicolas Sarkozy face aux électeurs du Front National : à part l'immigration dans sa dimension économique et sociale, les banquiers vilipendés par Marine Le Pen ou le pouvoir d’achat, je ne vois guère d'autres sujets de conquête.

***Reste François Hollande face aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon...


En principe, le report des voix du Front de Gauche est acquis à François Hollande. Mais ce dernier ne pourra pas appliquer le programme Mélenchon à la lettre. On voit mal le candidat socialiste dire oui au Front de Gauche sur le SMIC à 1.700 euros, au remboursement à 100% des dépenses de santé ou à la nationalisation intégrale d’EDF, GDF, AREVA ou TOTAL, même s’il s’agit de revendications légitimes aux yeux de la gauche populaire. Deux sujets pourraient créer le consensus : le marché du travail (en rendant les licenciements plus difficiles) et la retraite à 60 ans pour laquelle le candidat socialiste a promis un débat cet été. Pas d’engagement ferme, la discussion est ouverte. Dans tous les cas, sauf surprise, il ne faut pas s’attendre à l’annonce de mesures radicalement novatrices au cours des quinze prochains jours.

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