Pourquoi la Grèce n'effraie pas les marchés financiers
La situation est d’autant plus intéressante à analyser que les 4700 points atteints hier par l’indice CAC 40 à la bourse de Paris est symbolique. C’est la première fois que l’indice monte aussi haut depuis plus six ans, depuis la chute de la banque américaine Lehman Brothers en 2008 aux Etats-Unis qui avait marqué le début de la crise financière internationale.
Les derniers développements politiques en Grèce effacent-ils tout ?
Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Pourquoi la bourse a repris des couleurs mardi ? Outre le rebond des cours du pétrole qui dope les valeurs du secteur comme Total, il y a les propos tenus par les nouveaux responsables grecs en tournée de séduction dans les grandes capitales européennes depuis 72 heures – hier et aujourd’hui encore à Paris, Londres et Bruxelles, demain à Berlin, étape importante.
Ils ne veulent plus annuler la dette grecque mais la remplacer par des actions indexées sur la croissance. Plus la croissance économique reviendra en Grèce, plus le fardeau de la dette s’allègera. Option très technique mais jugée intelligente par les marchés. Car la Grèce dégage aujourd’hui un excédent primaire : hors remboursement de la dette, grâce aux efforts faits par la population et au plan de sauvetage mis en place par les grands argentiers internationaux, l’économie grecque redevient profitable (1 milliard et demi d’euros en 2013).Et puis le ministre de l’Economie Yanis Varoufakis promet de tout faire pour que les créditeurs privés ne subissent pas de pertes. Donc cela rassure les marchés.
Cet état de grâce est-il tenable ?
Il tiendra aussi longtemps que les nouveaux responsables politiques grecs honoreront leurs promesses, ou plutôt, ne trahiront pas leurs engagements vis à vis de la communauté internationale.
Mais, si une fois rentrée à Athènes, la nouvelle équipe laisse filer les dépenses publiques comme elle l’a laissé miroiter à son électorat, alors le retour de bâton sera violent. L’Europe fera de la Grèce un exemple, un cas d’école : elle laissera le pays quitter la zone euro et abandonner la monnaie unique à ses dépens (avec pour conséquence une hausse vertigineuse des prix et un remboursement de la dette rendu insupportable par l’envolée des taux d’intérêts).
Ne serait-ce pas un échec, aussi, pour l’Europe tout entière ?
Sauf en termes d’image sur la scène internationale, l’Europe n’a rien à perdre d’une sortie de la Grèce. Au risque de choquer, faut-il rappeler de manière abrupte qu’en exportant de l’huile d’olive et en vendant des nuits d’hôtel, la Grèce n’a à ce jour aucun problème de compétitivité économique.
Le plus dur pour les grecs commence réellement aujourd’hui car les réformes vont devoir se poursuivre, voire s’accentuer… le plus dur pour le parti radical de gauche aussi.
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