Cet article date de plus de treize ans.

Pour une PAC plus verte et plus équitable

En pleine crise de la dette en Europe, la Politique Agricole Commune refait surface… le Commissaire européen en charge du dossier vient de faire ses propositions pour la période 2014/2020… elles sont loin de faire l’unanimité.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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On ne pouvait trouver mieux que l’actuel Commissaire à l’Agriculture pour faire bouger les lignes de cette emblématique (pour ne pas dire « problématique ») PAC : le roumain Dacian CIOLOS. Originaire de l’Europe de l’Est, parent pauvre de la Politique Agricole Commune, Monsieur CIOLOS ne pouvait que se faire des ennemis à l’Ouest en proposant sa reforme. Que veut-il mettre en place ? Une réforme plus verte et plus juste. Plus verte avec 30% des aides agricoles accordées en fonction de critères environnementaux (entre autres limiter l’utilisation des engrais) ; et plus juste, notamment, en plafonnant les aides directes aux grosses exploitations qui sont de plus en plus nombreuses au dépend des petits exploitants (pour la seule France, le nombre de fermes a diminué de 20% en sept ans).

Que reprochent les mécontents ?

Comme pour toutes réformes, le consensus est difficile à obtenir tant les intérêts divergent. D’abord, les organisations environnementales voient la bouteille à moitié vide plutôt qu’à moitié pleine en terme de normes sécuritaires. Ensuite, chacun des 27 Etats membres de l’Union a peur d’y perdre au change… (pour information, en moyenne au niveau européen, l’aide directe versée aux agriculteurs est de 270 euros l’hectare (ce qui va de 400 euros pour la Grèce… à une fourchette comprise entre 50 et 700 euros pour la France).

Les propositions du Commissaire européen doivent maintenant être débattues... quel est le calendrier ?

Les discussions vont se tenir pendant les trois prochaines années... au total, entre 2014 et 2020, il va falloir se partager les 435 milliards d'euros de la PAC (environ 45% du budget communautaire). Ca va donc discuter dur... mais la tonalité que donne le Commissaire européen cette fois-ci va vraiment orienter le débat sur le fond. La voie des "mutations" de l'agriculture est ouverte. Une PAC plus écologique, c'est une PAC avec moins d'engrais pour moins d'algues vertes, par exemple, et une meilleure bouffe, comme dirais José BOVE sur la base d'un argument simple : la PAC coûte 106 euros par an à chaque contribuable européen... autant bien utiliser ces deniers... pourquoi ne pas en faire une "Politique Alimentaire Commune" ?!! Et puis lutter contre les intermédiaires... permettez-moi une dernière comparaison : en 1995, 30% de la PAC revenaient directement aux producteurs... en 2008 avec un budget pourtant en nette hausse, les producteurs ne percevaient plus que 24% des aides. Ou passe l'argent ? Le Commissaire CIOLOS veut désormais veiller au grain !

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