Plus de pouvoir d'achat grâce au Livret A
On peut dire que François Hollande est déjà pris entre le marteau et l'enclume. Le marteau des inéluctables hausses de prélèvements... et l'enclume de la rigueur budgétaire inflexible avec, au milieu, le pacte de croissance. Mais cette semaine de prise de fonction sera aussi celle de prise de pouvoir. Le pouvoir de convaincre ses partenaires européens du bienfondé de sa politique... et le jeu s'annonce très serré. Vendredi, la Commission européenne a montré que, sans efforts budgétaires, le déficit français atteindrait 4,2% du PIB fin 2013 et non 3% comme prévu dans le programme. L'entourage de François Hollande assure que le cap sera tenu... il faudra quand même au nouveau Président trouver environ 24 milliards d'euros. D'une problématique européenne, on revient donc très vite à des préoccupations plus franco-françaises.
Avec notamment la question du pouvoir d'achat...
Là encore : les marges de manœuvre sont étroites. Prenons l'exemple du Livret A. François Hollande a promis le doublement du plafond de dépôt de 15.300 à 30.600 euros. Séduisant en apparence mais techniquement compliqué. Imaginez un bateau dont on déplace subitement la cargaison de l'avant vers l'arrière : le navire ne résiste pas au déséquilibre. Si l'argent disponible se reporte massivement sur le Livret A, le petit épargnant y gagnera en rémunération mais d'autres secteurs ou produits bancaires seraient déstabilisés. Le doublement du plafond du Livret A ne va probablement pas entraîner d'épargne supplémentaire... simplement un transfert. On voit toute la complexité de la mesure qui, du coup, pourrait ne pas être appliquée immédiatement et d'un seul coup mais de manière progressive, une fois dressés les garde-fous.
Qu'en sera-t-il du financement du logement social ?
Le problème du logement social ce n'est pas le financement par le Livret A (l'argent est là), c'est la disponibilité de terrains et la capacité de construire. Ce n'est pas en déplaçant l'épargne que le problème va être résolu. On compte aujourd'hui déjà environ 60 millions de Livret A en France pour un encours de 225 milliards d'euros (c'est le montant mis de côté par les Français sur ce produit). Cette épargne est totalement défiscalisée et représente en quelque sorte un manque à gagner pour les finances publiques. Enfin, l'argent placé sur ce livret est géré par la Caisse des Dépôts et Consignations et non directement par les banques qui, du coup, ne peuvent pas faire travailler ces dépôts pour les orienter par exemple vers le crédit et l'investissement.
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