Personnes âgées : le défi de la dépendance
Le défi est effectivement aussi considérable que celui des retraites. On vit plus vieux, plus longtemps en bonne santé, mais le nombre de personnes âgées qui ne peuvent plus se débrouiller seules, qui ont besoin d’une aide permanente dans la vie de tous les jours, va aussi s’accroître. Elles sont un million aujourd’hui, contre 600 000 il y a 5 ans. Or l’équation est simple : une retraite, c’est en moyenne 1 200 euros par mois. Au bas mot, une prise en charge à domicile ou dans un établissement revient autour de 1 800 euros. D’où l’importance de l’allocation personnalisée d’autonomie, l’APA, qui est à la charge des conseils généraux et qui est en moyenne de 400 euros. Sa montée en puissance inéluctable elle pèse sur les budgets des départements. Pour faire face à la dépense, les départements ont en principe le choix entre augmenter les impôts de tous ou réduire la prestation versée. Arbitrage délicat. Le ballon d’essai lancé au Sénat explore une troisième voie : prélever sur les successions. Autrement dit faire financer après le décès le coût de la prise en charge par les héritiers quand il y en a et à partir du moment où le bien qui leur est transmis, un appartement ou une maison, vaut plus de 100 000 euros. Ca ne touche pas que les riches. La réaction du monde associatif a été très vive. Il y voit une entorse à la solidarité collective, avec un système qui ferait de l’aide sociale publique une avance remboursable.
Le gouvernement tranchera l’année prochaine. Y a-t-il des chances qu’il retienne cette idée ?
Sans doute pas tel quel, mais l’épisode pose les enjeux de la création de cette nouvelle branche de la protection sociale, annoncée par Nicolas Sarkozy pour financer la dépendance. Les coûts sont tels qu’on ne peut plus penser que les cotisations de chacun peuvent alimenter un pot commun qui protège tout le monde, selon le principe qui a fondé la sécurité sociale. La responsabilité individuelle mais aussi la solidarité familiale doivent aussi jouer. Ce qui se mettra en place devrait donc combiner un socle de prise en charge par l’Etat ou les collectivités locales et l’encouragement à l’assurance privée. Des systèmes d’épargne de longue durée devrait être encouragés par des avantages fiscaux. Et il faudra sans doute accepter que le patrimoine que l’on constitue pendant sa vie ne soit pas seulement un cadeau transmis à ses enfants, mais aussi un capital qui peut être monnayé pour se protéger en cas de coup dur.
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