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Nouveau modèle français de Jean-Marc Ayrault, mythe ou réalité ?

Lors du premier Conseil des ministres de l'année, le chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault a sonné la mobilisation de ses troupes autour d'un "nouveau modèle français". Il en détaille le concept dans une tribune publiée par le journal Le Monde. Le mot "nouveau" ne signifie pas un changement de cap dans la politique gouvernementale.
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Il s'agit ni de changer de cap, ni de définir un nouveau tempo dans l'action, mais simplement mettre en musique ce qui figure sur la partition écrite par le Président de la République François Hollande. Le tout grâce à plus de coordination entre les ministres et plus de pédagogie auprès des Français. En lisant la tribune du Premier ministre dans le quotidien du soir, on ne constate, à vrai dire, rien de nouveau. Il rappelle les grandes actions engagées, la volonté de s'y tenir pour remettre en marche l'économie, seul moyen, à ses yeux, de sauver notre système social. Ce ''nouveau modèle français'', Jean-Marc Ayrault veut le défendre en tant que social-démocrate à la française et surtout pas en tant que social-libéral.

La différence est-elle bien marquée dans son propos ?

Le Ayrault social-démocrate ne néglige pas l'économie libérale car il reconnaît les bienfaits de la mondialisation pour diffuser nos produits et créer des emplois. Pour rassurer les moins convaincus dans son propre camp, le Premier ministre s'empresse d'appeler à une gouvernance économique mondiale mais régulée ! Dans un autre entretien, accordé cette fois au Journal des Entreprises, Jean-Marc AYRAULT affirme qu'il ne sera pas celui qui diabolise les patrons et qu'il est nécessaire de relancer de vraies politiques industrielles européennes. Le discours est bien balancé : ne pas renoncer à la mondialisation et ne pas toucher à notre système social protecteur.

Voilà pour l'ambition... encore faut-il que la dynamique économique soit au rendez-vous

Vous mettez le doigt sur l'essentiel : ce programme ne peut pas s'affranchir de la situation de l'économie mondiale. François Hollande l'a rappelé, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici l'avait fait avant lui : 2013 sera une année difficile. L'Elysée et Matignon veulent tout faire pour gagner la bataille de l'emploi. Dont acte ! Mais pour stopper la progression du chômage, il faut au minimum 1% de croissance. Pour commencer à recréer de l'emploi, il en faut 1 et demi. Or, le gouvernement lui-même ne s'attend pas à plus de 0.8% malgré les nombreuses alertes lancées par tous les instituts de conjoncture. Le débat n'est même plus de savoir si on va faire 0.8% de croissance mais si la fourchette se situera plutôt entre -0.5 et +0.2. Le gouvernement a tord de s'obstiner sur cette prévision plus fantaisiste qu'optimiste. Seulement voilà, faire marche arrière serait politiquement suicidaire. Ca serait reconnaître une erreur de jugement, jeter le doute, voire le discrédit sur les autres engagements au nom du volontarisme. Le gouvernement est piégé sauf à corriger sa politique économique.

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