Les plans sociaux n'expliquent pas l'envolée du chômage
Le chiffre du mois de septembre est aussi inquiétant que la tendance. Malheureusement, il n'y a aucune surprise. On sait que l'on commence à stabiliser la courbe du chômage – voire créer de l'emploi – avec un taux de croissance d'un et demi à 1,6%. Or, nous en sommes actuellement à zéro. Et puis, deuxième facteur : le dynamisme de la démographie française. Chaque année 150.000 jeunes arrivent sur un marché du travail saturé. Le taux des jeunes chômeurs a une nouvelle fortement progressé en septembre (+2,2%) avec celui des séniors (+2,3%).
Vous n'évoquez pas les plans sociaux qui se multiplient... on imagine qu'ils pèsent lourd dans la balance.
Si l'on prend les chiffres bruts, cet argument politique, très efficace car en apparence logique, ne tient pas. C'est une constante : les plans sociaux représentent une partie seulement de l'évolution des chiffres (actuellement environ 2 à 3% des inscriptions à Pôle Emploi par mois). Encore plus paradoxal : en septembre les inscriptions pour plans de licenciements économiques ont baissé de près de 8% par rapport à août et sur un an, elles ont reculé de 10% grâce notamment aux dispositifs de reconversion mis en place par les pouvoirs publics. Et puis, il y a le fonctionnement réel de l'économie, trop méconnu. Il faut savoir que l'économie française crée chaque année (dans le secteur marchand, donc privé) pratiquement autant de postes qu'elle n'en détruit. Le turnover est important : entre 6 et 7 millions d'emplois créés pour 6 à 7 millions détruits chaque année. C'est un peu comme en démographie avec le rythme des naissances qui compense en partie celui des décès. Pour l'emploi, ce qui fait la différence, c'est essentiellement la fin des contrats à durée déterminée et celle des contrats d'intérim. C'est la dure réalité, il est vrai, difficilement acceptable quand on est directement confrontés à la perte d'un emploi.
Donc on ne retrouvera pas un cercle vertueux sans croissance. Pourtant, le gouvernement ne reste pas les bras croisés et cherche des solutions*
Il y a bien les 150.000 emplois d'avenirs déjà votés pour remettre sur les rails les jeunes en difficulté. Les 500.000 contrats de génération portés un projet de loi qui sera déposé dans la première quinzaine de décembre pour fluidifier les relations entre jeunes et séniors dans l'entreprise. Mais, le temps de les appliquer, ces mesures ne peuvent pas porter leurs fruits immédiatement. Enfin, quelles que soient les querelles politique que cela suscite, la France ne réembauchera pas sans baisser les charges sur les entreprises, sans réorienter les salariés de certains secteurs condamnés vers des métiers d'avenir en expliquant et favorisant la reconversion. Sur le plan politique cela demande, effectivement, beaucoup de volontarisme, et surtout, beaucoup de courage.
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