Les Chinois à l'aéroport de Toulouse : risques ou opportunités ?
D'abord il faut bien préciser que Toulouse-Blagnac ne devient pas chinois. Ce n'est pas une privatisation, simplement une ouverture du capital. Les infrastructures comme les pistes et les bâtiments restent entre les mains des collectivités locales.
Le consortium sino-canadien prend 49,9% du capital, laissant la majorité à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Toulouse (25% des parts), à la région, au département et à l'agglomération de Toulouse (5% chacun). Ces derniers garderont donc la main sur les décisions stratégiques concernant les investissements. Ils conserveront ce que l'on appelle la "minorité de blocage" en cas de désaccord.
Toulouse-Blagnac est le sixième aéroport français et gagne de l'argent
Ce n'est un secret pour personne : l'Etat a besoin d'argent. Des investisseurs potentiels qui s'étaient manifestés lors du lancement de l'appel d'offre l'été dernier – dont Vinci et Aéroport de Paris –, le consortium Symbiose a été le plus offrant : 308 millions d'euros qui reviendront directement dans les caisses publiques.
Mais il est vrai que cette opération pose plusieurs questions.
D'abord il y a le symbole. On se souvient qu'au cœur de la crise, la Grèce avait vendu aux chinois le port du Pirée. Comparaison n'est pas raison. Autre argument avancé par les détracteurs : depuis 2007 Toulouse-Blagnac a bénéficié de 240 millions d’euros d'investissements publics. Une base solide pour un investisseur privé qui en profitera de fait.
Les Chinois à Toulouse : risques ou opportunités
Il faut savoir qu'en bout de pistes, il y a les infrastructures d'Airbus. Certains craignent l'espionnite aigüe des chinois. Argument assez faible quand on sait que le constructeur européen est déjà installé dans l'Empire du Milieu en partenariat avec des opérateurs locaux.
En revanche, le nouvel actionnaire veut faire de Toulouse-Blagnac un hub (une interconnexion) pour développer les liaisons avec la Chine et l’Asie. On peut imaginer le développement de commerces, notamment de luxe très prisé de la clientèle asiatique. Et puis n'oublions pas que des négociations sont en cours avec Pékin pour la vente d'une centaine d'Airbus.
Enfin, sur le plan franco-français, cette opération pourrait servir de test. Pourquoi ne pas imaginer, par exemple, une ouverture de capital des aéroports de Nice, Lyon ou Bordeaux ? Peut-être la prochaine étape.
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