Les BRICS au secours de l'Europe
Oui, alors que la faillite de la Grèce semble ne plus faire de doute, il faut désormais penser à l’après. Il y a d’abord la mobilisation des acteurs internes à l’Europe. Hier soir, le Président de la République Nicolas SARKOZY a reçu à l’Elysée le Président du Conseil européen Herman Von Rumpuy… les deux hommes n’ont fait aucune déclaration après leur tête à tête mais c’est un secret de polichinelle de dire que l’on est bel et bien entrés dans la phase préparatoire d’une Union européenne renforcée. Quelle forme prendra-t-elle ? Certains observateurs bien informés évoquent la possibilité de plus en plus insistante d’une révision du Traité européen dès 2012 pour créer une Europe fédérale… une Europe plus solidaire dans laquelle les risques et les échecs seraient mutualisés (partagés) grâce, enfin, à une vraie gouvernance économique.
Ceci pour la mobilisation au sein même de l’Europe… on voit également des pays plus éloignés monter au créneau, Etats-Unis en tête.
Pas plus tard que lundi soir devant le Congrès à Washington, Barack Obama a en effet déclaré que si l’Europe ne se relevait pas rapidement, ce serait toute l’économie mondiale qui en pâtirait… d’ailleurs, à crise exceptionnelle, participation exceptionnelle : le Secrétaire américain au Trésor, Timoty GEITNER, participera vendredi prochain à la réunion des ministres de l’économie et des finances de la zone euro en Pologne. Les américains surveillent le Vieux Continent comme le lait sur le feu… ils sont inquiets à l’idée de voir l’Europe tarder à mettre en œuvre la réforme du Fond Européen de Stabilité Financière.Et puis, hier, ce sont les pays émergents qui se sont invités à la table. Les fameux BRICS (Brésil Russie Inde Chine et Afrique du Sud) se sont dits prêts à aider les européens englués dans la crise. On devrait en savoir plus sur leurs intentions dès la semaine prochaine.
Pourquoi les BRICS s’intéressent-ils ainsi à nous, et que peuvent-ils faire pour nous aider ?
Et bien c’est dans leur intérêt bien compris. D’abord, comme les Etats-Unis, ces pays savent qu’ils ont tout à perdre, sur le plan commercial, d’une déroute européenne qui leur couperait les vivres. De plus, ces pays émergents ont déjà acheté de la dette européenne. Ils veulent donc, à terme, récupérer leur mise. Et puis c’est sans compter avec les excédents financiers, les réserves de change, dont certains disposent en masse et qu’il leur faut placer (je pense notamment à la Chine qui dispose de quelque 3000 milliards de dollars). En achetant notre dette, ils placent leur argent et nous aident à surmonter notre propre crise.
N’y a-t-il pas aussi une dimension politique ?
Si bien sûr : ils veulent montrer qu’ils pèsent de plus en plus dans le G20... que le monde bouge et qu’il serait peut-être bon de compter enfin avec eux. Et puis ce sera aussi l'occasion pour le FMI de rééquilibrer la balance en faveur de ces pays émergents - pour la plupart déjà émergés - à qui ont avait promis l’alternance à la tête du FMI… alternance qu’ils attendent toujours.
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