Les ailes d'Airbus plombées par l'euro ?
Airbus prêt à s’installer sur les terres de son concurrent Boeing : c’est un signe. Hier, un porte-parole d’EADS, la maison mère de l’avionneur, n’a pas exclu d’assembler un jour des A 330 à Mobile, Alabama, au sud est des Etats-Unis. Après une première génération de délocalisations industrielles pour trouver la main d’œuvre la moins chère, dans le textile par exemple, l’heure est venue des délocalisations monétaires. S’il y a un secteur où l’équation des taux de change est imparable, c’est bien l’aéronautique. Dans le monde entier, les avions se vendent et s’achètent en dollar. Impossible d’y échapper. Or Airbus et Dassault fabriquent en euro. Un euro qui ne cesse de s’apprécier par rapport au billet vert. Un A380 est facturé 380 millions de dollars prix catalogue. Pas question d’augmenter compte tenu de la concurrence. Or depuis le début de l’année, l’appréciation de l’euro faire monter augmenter son coût de fabrication de près de 15%. Le patron d’EADS, Louis Gallois, se dit du coup obligé de fabriquer tout ce qui peut l’être hors de la zone euro : portes, sièges, morceaux d’aile, fuselage. Les sous-traitants d’Airbus, comme le Français Latécoère, ont déjà largement entamé le mouvement avec des implantations en Afrique du Nord ou au Brésil. A terme, ce qui va rester en Europe, c’est essentiellement de l’assemblage, de la haute technologie, de la conception. Même les bureaux d’étude peuvent être délocalisés.
Tout cela, est-ce vraiment la faute de l’euro ?
Il faut reconnaître que le mouvement est engagé depuis longtemps. Et il est lié à la concurrence avant de l’être à la monnaie. L’implantation en Chine de la première usine d’assemblage hors d’Europe, pour l’A320, a été décidée en 2006. Les délocalisations s’inscrivent dans une stratégie de réduction des coûts qui est aussi à l’œuvre dans l’automobile. Avec un carnet de commande plein à craquer – plus de 3 000 avions à livrer, soit six années d’activité – Airbus reste une entreprise solide, à condition de serrer ses coûts de production. Les délocalisations sont une condition de survie. Mais il y a des limites au-delà desquelles le tissu industriel français serait complètement asséché. Le signal d’alarme tiré par les patrons de l’aéronautique est un message politique : il s s’adresse à des dirigeants européens qui viennent tout juste de commencer à parler d’une seule voix pour tenter de peser contre un euro trop fort. Sans succès pour l’instant.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.