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Le patron de Bouygues Telecom alerte Bruxelles

Les grandes manœuvres se poursuivent dans le secteur des télécoms. Dernière en date, la bataille qui se joue autour de Telecom Italia, convoitée par Free et Vivendi. Pendant ce temps, Bouygues Telecom poursuit son petit bonhomme de chemin
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Olivier Roussat le PDG de Bouygues Telecom © maxppp)

Pour Bouygues Télécom la bataille est ailleurs. Pas dans la taille, pas dans la course au gigantisme… le dirigeant de la filiale télephonie de Bouygues en appelle à Bruxelles.

Invité récemment de l’Association des Journalistes de la presse Economique et Financière (AJEF), le président directeur général de Bouygues Telecom, Olivier Roussat, a pris deux exemples : les frais d’itinérance et la neutralité du net. Deux dossiers sur lesquels le Parlement européen vient de statuer.

Olivier Roussat estime qu’en lâchant du lest sur ces deux questions, l'Union européenne fait indirectement le jeu des américains et ne protège absolument pas ses intérêts économiques.

L’exemple des frais d’itinérance

A partir de juin 2017, le client ne se verra plus facturer de frais supplémentaires sur ses appels, envois de sms ou utilisation d’internet, depuis un autre pays que le sien au sein de l’Europe.

Tout bénéfice pour le consommateur certes… mais Olivier Roussat y voit la porte ouverte à des groupes comme Google, Amazon, Facebook ou Apple pour se transformer en opérateurs téléphoniques sur le Vieux continent sans avoir à réaliser de lourds investissements. Il leur suffirait de revendre des forfaits téléphoniques à moindre coût et d'en tirer tous les bénéfices.

Ils deviendraient tout simplement des MVNO, des opérateurs de réseau mobile virtuels.

Le cas de la neutralité du net

La démarche est identique : la neutralité récemment votée par le Parlement européen vise à offrir l’accès à internet à tout le monde, sans discrimination. Pas uniquement à l’usager. La règle vaut aussi pour les opérateurs, les fournisseurs de contenus.

Encore faudrait-il que ces fournisseurs payent les opérateurs téléphoniques dont ils utilisent les tuyaux (le câble, la fibre) pour transporter et vendre leurs produits, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui… et qui le sera encore moins demain selon le sacro-saint principe de la neutralité du net, l’internet sans discrimination.

Résultat des courses, les confortables bénéfices réalisés en Europe par les GAFA – grâce à des tuyaux gratuits –  repartent directement dans l’économie américaine.

Sous prétexte de la non-discrimination économique d’accès à internet, l’Europe se tire une balle dans le pied. C’est le message d’Olivier Roussat qui appelle Bruxelles à être moins ‘’fleur bleue’’ et plus défenseuse de ses propres intérêts.

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