Le pardon du patron de l'Eurogroupe à la Grèce
La manière dont s’est exprimé Jean-Claude Juncker ce we dans la presse grecque ressemble un peu à une séance d’excuses publiques dont sont friands les patrons japonais quand leur entreprise fait défaut. Que dit Monsieur Juncker ? Que les dirigeants européens se sont trompés lorsqu’ils ont mis l’accent sur l’assainissement des finances publiques plutôt que sur la croissance pour aider le pays à sortir de la crise. « Il aurait été plus logique de mettre dès le début l’accent sur la dimension de la relance de l’économie » dit-il.
Comment faut-il interpréter ces propos ?
En s'adressant directement au peuple grec, le chef de file des pays membres de la zone euro délivre un message clair : on ne vous laissera pas tomber. Ensuite, il faut savoir que son mandat à la Présidence de l'Eurogroupe arrive bientôt à échéance... il commence donc a avoir la parole plus libre. Plus libre notamment pour critiquer la Commission européenne. C'est le réel sens du message qui apparaît en filigrane.
Et que lui reproche-t-il ?*
Parfois critiqué pour sa molle gestion de la zone euro, Jean-Claude Juncker voit rouge. Il y a environ un an, l’Eurogroupe avait mis en garde Bruxelles contre des tensions grandissantes en Grèce et demandé la réorientation des crédits pour plus d’efficacité. La Commission a répondu par une centaine de propositions relativement farfelues aux dires de certains observateurs... on a construit beaucoup de routes qui ne servent à rien. Nous en parlons souvent dans cette chronique : l’Europe aurait pu faire mieux en regardant de plus près la réelle situation du terrain… terrain d’une Grèce gangrénée par un pouvoir politique corrompu et corrupteur de ses propres acteurs économiques (armateurs, avocats, grands commerçants, pour ne citer que quelques exemples).
Que propose Jean-Claude Juncker ?
Et bien là est le problème : le Président de l'Eurogroupe bat sa coulpe mais ne fait aucune proposition. Appeler à la mise en place de réformes structurelles c'est bien... faut-il encore donner des pistes. Pourtant, des pistes et des ressources, le pays des Dieux en a. Aux côtés du tourisme et de l'agriculture, le pays est doté de services informatiques conséquents et une niche pourrait être exploitée : celle de l'industrie du médicament générique dans laquelle la Grèce est en pointe. Autant d'atouts à valoriser après la reconstruction d'un contrat social et d'un sérieux nettoyage dans l'élite politique.
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