Le gouvernement chouchoute les entrepreneurs
Le salon des entrepreneurs est une ode à l'optimisme et un beau coin de ciel bleu dans un contexte économique déprimé. Depuis hier et jusqu'à ce soir, 60.000 dirigeants et créateurs d'entreprises se retrouvent au Palais des Congrès à Paris pour échanger leurs expériences... et le gouvernement ne s'y rompe pas... cette année on peut y croiser notamment le ministre de l'Economie Pierre Moscovici et sa colocataire de Bercy, Fleur Pellerin, en charge des PME, de l'innovation et de l'économie numérique. Mais attention, personne n'est dupe... quand vous vous promenez dans les couloirs du salon, vous voyez beaucoup de jeunes patrons attentifs aux moindres décisions gouvernementales.
Le dynamisme entrepreunarial existe bien selon vous ?
Oui, la situation peut paraître paradoxale. Comme le rappelle Yvon Gattaz, le père de Pierre, l'actuel patron du MEDEF, dans son livre intitulé "Création d'entreprise, la double révolution" qui vient de paraitre, la France a connu après la guerre un retard dans la création d'entreprises (on entrait pourtant dans les 30 Glorieuses) et aujourd'hui, la même France connaît le taux de création par habitant le plus important des pays industrialisés. Contrairement aux apparences, des sociétés naissent tous les jours en France.
De quoi battre en brèche de nombreuses idées reçues... qu'est-ce qui explique ce dynamisme ?
Il y a l'arrivée des jeunes diplômés des écoles de commerce et qui ont la fibre entrepreunariale... la crise elle-même qui, dans beaucoup de cas, a un effet dynamisant (on se retrousse les manches pour trouver des solutions)... on peut dire que cette crise suscite des vocations mais aussi parfois de nouveaux besoins, notamment matière de services.
Sans compter l'effet d'entrainement des mesures récemment décidées en faveur des entreprises
Oui mais les ministres qui vont au Salon des entrepreneurs pour porter la bonne nouvelle auraient tord de se considérer comme de simples représentants d'une politique gouvernementale désormais acquise aux entrepreneurs. Certes, il y a le CICE, le Pacte de responsabilité, la perspective de baisse des charges patronales, la simplification administrative... mais tout cela doit prendre rapidement effet. Avant hier, le Pdt de la République recevait à l'Elysée les dirigeants français des grands groupes étrangers implantés en France pour parler attractivité du territoire... Il y a une dizaine d'années, les investissements directs en France représentaient 10 fois ceux de l'Allemagne... aujourd'hui, c'est l'inverse. Il y a une rupture de confiance chez les investisseurs internationaux.
Si cela remonte aussi loin, on ne peut pas accuser le gouvernement actuel
C'est vrai, mais le mouvement s'est amplifié ces 18 derniers mois avec des signaux négatifs : la taxe sur les plus hauts salaires, les " zigzag " de la politique fiscale, la loi Florange sur la reprise des sites industriels rentables (finalement rejetée hier par le Sénat). Un récent rapport de la CNUCED montre que les investissements directs étrangers en France ont chuté de 77% en 2013. D'autres pays sont devenus plus attractifs... en Espagne, le taux de profit des entreprises est aujourd'hui une fois et demi supérieur à celui de la France. Pourquoi les entreprises étrangères viendraient investir dans l'hexagone dans ces conditions ?!! Le gouvernement est en train d'essayer d'inverser la vapeur mais il y a loin de la coupe aux lèvres... il faut maintenant aller très vite, appliquer dès maintenant les réformes. Et si vous voulez voir des jeunes "qui ont la niaque", allez au Salon des entrepreneurs au Palais des Congrès... si vous êtes loin de Paris, il y aura des déclinaisons en région... c'est un rendez-vous annuel à ne pas manquer.
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