Le G20 sous le signe des pays émergents
La marche de la
planète n'est pas un long fleuve tranquille. Au moment où l'Europe commence à
voir le bout du tunnel de la crise, des pays comme l'Inde, le Brésil, la
Turquie et l'Indonésie voient leurs monnaies s'effondrer depuis quelques mois.
On se croirait revenus au pire de la crise de 97-98 avec, souvenez-vous, la
débâcle autour du Bath Thaïlandais.
Que se passe-t-il ?
Même causes, mêmes effets ?
Cette nouvelle
crise s'explique par 2 facteurs combinés. Depuis plusieurs années, les banques
centrales des émergents ont fait flamber le crédit de 20 à 25% par an. Cela a
généré de l'inflation et renchéri les importations (notamment les prix de
l'énergie). Les investisseurs étrangers qui avaient placé leurs liquidités dans
ces eldorados commencent à s'interroger. D'autant que - c'est le deuxième
facteur - avec la reprise économique qui se profile aux Etats-Unis, la banque
centrale américaine est en train de changer de politique monétaire. Avec la
reprise, les taux d'intérêts américains vont remonter (le mouvement est déjà
amorcé...), et qui dit taux élevés aux USA, dit dollar plus cher. Les
investisseurs retirent donc leurs billes des pays émergents pour les rapatrier
sur le continent américain avant qu'il ne soit trop tard.
D'où les
déséquilibres monétaires en question. Ces déséquilibres ne sont pas sans
conséquences, tant pour les émergents que pour nous-mêmes, pays développés
Imaginez l'impact
d'une chute de 25% de la roupie sur le pouvoir d'achat des indiens. D'un repli
de plus de 10% de la lire pour le pouvoir d'achat des turques ; de 15% du réal
pour les brésiliens... bref, la récession les guette. Les entreprises
étrangères implantées dans ces pays commencent à revoir à la baisse leurs
prévisions de chiffre d'affaires. Quant à l'impact pour les nations
industrialisées, c'est un coup de boutoir à leur compétitivité. Les fortes
dépréciations de changes vont permettre aux pays émergents de gagner des
positions à l'international. Avec des monnaies moins chères, ils vont nous
prendre des parts de marché.
Le G20 peut-il
régler le problème en 2 jours ?
Non, évidemment, ou
cela relèverait du miracle. Les leçons à tirer demandent un travail de long
terme. Il faut introduire plus de coordination entre les monnaies de ces pays.
Leur système de change est totalement désorganisé. Certains veulent mettre en
place des réserves communes pour éviter les grandes fluctuations (on parle d'un
panier de devise de quelque 2000 milliards d'euros, l'équivalent du PIB
français, la richesse nationale), mais ce système serait très complexe à
monter. En réalité, toutes les régions du monde - c'est aussi le cas de
l'Europe - sont dans une phase d'ajustement des relations, des crises, des
rapports de force. Cela va prendre du temps. Il faudra surtout que ce travail
se fasse dans le respect des règles démocratiques et dans une ambiance moins
égoïste celle du chacun pour soi.
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