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La ''silver économie'', un filon en or

Honneur aux seniors. Le vieillissement de la population pousse au développement d'un nouveau concept : la silver économie. Gros plan sur cette économie "aux cheveux argentés".
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Quelques chiffres pour nous aiguiller : selon la Direction de la recherche, des études et de la statistique, le nombre de personnes âgées dépendantes bénéficiant de l'APA (l'Allocation Personnalisée Autonomie) devrait atteindre en 2060 entre 1,8 et 2,6 millions.
Plus proche (horizon 2030), cette fois au niveau européen, les prévisionnistes parlent de 160 millions de personnes âgées de 65 ans et plus contre 117 millions aujourd'hui.
Le vieillissement de la population est généralement considéré comme ennemi de la croissance et de la productivité. Ceux qui le pensent vont devoir réviser leurs classiques.

Vous voulez dire que c'est une idée reçue... en tout cas, elle fait débat

Il y a les économistes pessimistes qui n'imaginent pas d'issue possible à cette surpopulation vieillissante, et les optimistes qui préfèrent voir dans le progrès technique autant de solutions possibles. En résumé : les partisans du verre à moitié vide et ceux du verre à moitié plein.
Les faits donnent raison aux seconds. La silver économie (l'économie aux cheveux argentés - avouez que c'est plus joli que l'expression "cheveux blancs") est une véritable mine d'or. On recense aujourd'hui en France pas moins de 240 entreprises spécialisées qui emploient 43.000 salariés et totalisent un chiffre d'affaires de 56 milliards d'euros.

Dans tous les secteurs d'activités ?

L'éventail est très large : des services à la personne à l'équipement des foyers en passant par le tourisme, le sport (de plus en plus de séniors le pratiquent pour garder la forme), mais aussi les produits de beauté, sans oublier l'aménagement du territoire comme le montrent les travaux de deux chercheurs, Jacques Pelletan et Alain Villemeur.
Conscient de ce filon, l'Etat signera le mois prochain un contrat de filière avec tous ces acteurs pour assurer le développement du marché du vieillissement, appelons un chat un chat. 300.000 emplois pourraient être créés d'ici 2020.

J'imagine que la France n'est pas la seule y réfléchir ?

L'exemple parfait, c'est le Japon. Le pays du Soleil levant est aujourd'hui le meilleur laboratoire de l'impact du vieillissement sur l'économie d'un pays développé. On y considère sans complexe le troisième âge comme un levier de création d'emplois et d'innovations techniques comme les robots. Plus de 10.000 entreprises japonaises ont été mises en réseau avec 250 universités pour réfléchir à ces enjeux technologiques. Nous en sommes loin mais avons commencé à négocier le virage.
Si le sujet vous intéresse, je vous recommande la lecture d'un livre qui vient de paraître. C'est la somme de travaux d'une quarantaine d'économistes. Ce livre s'intitule  "La France face au vieillissement, le grand défi ", publié aux Editions Descartes&Cie.

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