La production énergétique française face au grand froid
La bise venue de Sibérie n’est pas si romantique. D’après RTE qui gère le réseau haute tension dans l’hexagone, la consommation nationale a atteint hier 96.400 mégawatts, très proche du pic record du 15 décembre 2010. Ce record devrait être battu lundi prochain. Pour information, un degré Celsius de moins (chaque degré en dessous de zéro) se traduit par 2300 MW de consommation d’électricité, soit l’équivalent de deux centrales nucléaires ou du double de la consommation d’une ville comme Marseille.
Vous voulez dire que la France consomme plus que de raison ?
Disons qu’elle ne se prive pas. La France aujourd’hui, c’est le luxe du chauffage. D’un côté : un suréquipement en radiateurs électriques qui tournent à plein régime (60% des logements neufs sont équipés de chauffage électrique) ; de l’autre, une réserve d’énergie non négligeable : 100.000 MW de production électrique instantanée (nucléaire, thermique et hydraulique) et un stock disponible de 142 millions de mètres cubes de gaz. Les pointes de consommation progressent en France de 3% par an.
Donc la France pourrait connaître ce que l’on appelle un ‘black out’, c’est à dire une rupture de l’offre par rapport à la demande d’électricité ?
Non. Nous en sommes très loin. Le dernier ‘’black out’’ en France remonte à 1978. La France fait face grâce à ses réserves mais aussi à l'énergie qu'elle importe notamment d'Allemagne. Le problème c'est que l'électricité qui nous vient d'outre-Rhin est de moins en moins propre : Berlin abandonne progressivement le nucléaire et se replie sur le charbon, gros émetteur de CO².
L'approvisionnement énergétique est un véritable défi. Pour aujourd'hui déjà, et encore plus pour demain.*
D'où la multiplication d'initiatives en tous genres. Le réseau RTE vient de déclencher pour la première fois de la saison le dispositif Ecowat. Il informe la population des meilleurs moyens de consommer intelligemment l’énergie dans les zones particulièrement tendues (Bretagne et Côte d'Azur en premier lieu… ces « péninsules électriques » comme on les appelle sont plus exposées aux risques de coupure car localisées aux extrémités du réseau électrique national). L’année dernière, grâce à Ecowat, la consommation d’électricité dans les régions concernées a baissé d’environ 2%. Enfin, il y a les investissements d’avenir. Un appel d’offre est en cours pour installer une centrale au gaz dans le Finistère et hier, le Président d’EDF, Henri Proglio, est allé inaugurer en Meurthe et Moselle la première centrale thermique à cycle combiné gaz, véritable fleuron du mix-énergétique à la française.
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