La politique de la Ville ne fonctionne pas
On a vite fait face à une crise de réclamer des moyens. Il en manque toujours mais ça n’est plus le problème essentiel. Depuis 2004, pour rénover les 500 quartiers les plus dégradés, l’Etat a mis le paquet. Il y a une polémique entre les maires et le gouvernement sur l’évolution de l’enveloppe accordée aux banlieues dans le budget 2008 mais, dans une ville comme Clichy-sous-Bois, elle a quand même augmenté de 285% ces trois dernières années. Après, il faut voir comment cet argent est mobilisé. La Cour des Comptes le dit dans un rapport publié ce mois-ci. Elle dénonce les lourdeurs dans l’instruction des dossiers, les retards dans les subventions aux associations, l’enchevêtrement des dispositifs administratifs sous des sigles barbares – CUCS, ZUP, ZUS, ZFU – auxquels les élus eux-mêmes finissent par ne plus rien comprendre ! Il y a plus grave : ce sont les retards dans les grands programmes de reconstruction ou réhabilitation de quartiers. 10% des opérations du plan Borloo ont été lancées au lieu du quart prévu. Du coup, les crédits ouverts ne sont même pas dépensés. Ca s’explique par la complexité du montage des opérations, les problèmes de relogements des familles quand on veut détruire une barre HLM, ou encore la pénurie de main d’œuvre pour les chantiers du bâtiment.
Quelles solutions alors pour rendre la politique de la ville plus efficace ?
Malheureusement, ce n’est pas l’affaire de deux ou trois ans, mais au moins de dix, voire d’une génération. Il est d’ailleurs regrettable qu’il y ait eu 19 ministres de la Ville en moins de 20 ans, sans véritable continuité de l’action. L’un des freins à l’intégration de ces territoires, c’est aussi l’enclavement, l’isolement. Les jeunes des banlieues proches d’Orly ou de Roissy n’ont que très peu de chance de pouvoir travailler dans les zones des aéroports, ne serait-ce qu’en raison du manque de transports en commun pour y aller. C’est beaucoup plus dur que de venir du centre de Paris ! En 1991, un des premiers grands rapports sur les banlieues s’intitulait : la relégation. Rien n’a changé depuis. Rien n’a changé non plus dans la situation de l’emploi : un nombre de chômeurs deux fois plus élevé que la moyenne nationale et qui atteint 40% chez les 15-24 ans. A focaliser uniquement l’attention sur le pouvoir d’achat ces derniers temps, on attise les frustrations et on en oublie que pour retrouver du lien social, il faut résorber un chômage qui est la première des discriminations.
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