La peur de l’inflation
Vous avez raison, ce qui est nouveau, c’est que l’inflation n’est plus une plainte mais une crainte. Il y a le sentiment que l’on s’installe dans quelque chose de durable et de difficile à maîtriser. Il s’agit d’un phénomène européen. Et pour la première fois l’inflation et le chômage sont au coude à coude. Quand on interroge les citoyens de l’Union sur leur préoccupation principale : 27% citent le chômage et 26% l’inflation. Sur un an, l’inquiétude quant au chômage recule de 13 points, celle sur l’inflation augmente de 8 points. Est-ce que cette perception correspond à une réalité ? Plus personne ne peut le nier et on voit bien que la montée de cette inquiétude est parallèle à celle des prix dans toute l’Europe, avec des hausses qu’on avait pas vu depuis très longtemps : + 4% en Espagne, + 3% en Italie et en Allemagne. Alors que dans le même temps le chômage connaît son plus bas niveau dans la zone euro depuis 15 ans. 2007 est de ce point de vue une année de rupture : la hausse brutale du pétrole et des prix alimentaires a remis au goût du jour une inflation que l’on croyait sous contrôle. Les Européens réagissent à un clignotant qui s’allume.
Mais est-ce que ce qu’on a vu cette année est effectivement un phénomène durable, une inflation qui va s’installer ?
Effectivement la question est de savoir si la crainte est justifiée. D’abord, il faut quand même rappeler qu’on est très loin des taux d’inflation à deux chiffres qui ont miné l’économie il y a 30 ans. Ensuite, si l’on met à part l’essence et l’alimentation, les prix restent assez sages, notamment en France. On est donc très lié à ces deux variables, difficiles à prévoir. Pour la France, même s’il évolue légèrement à la baisse, le chômage de masse reste un défi plus important que la hausse des prix. Alors le principal danger qui guette l’économie en 2008 n’est pas l’inflation à elle seule, mais la combinaison de la hausse des prix et d’une croissance à plat, ce que les économistes appellent la stagflation et qui peut détruire les entreprises et les emplois. Le problème, c’est que pour éviter ça, les banques centrales sont prises dans un dilemme insurmontable. Si elles baissent les taux d’intérêt, le loyer de l’argent, elles favorisent la croissance mais renforcent l’inflation. Si elles les augmentent, elles contiennent l’inflation mais étouffent la croissance. Ca s’appelle la quadrature du cercle.
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