L'inévitable déclin de la raffinerie européenne
Le schéma est simple : les raffineries produisent trop et perdent de l’argent. Les infrastructures françaises accuseront cette année des pertes d’exploitation de plusieurs centaines de millions d’euros… très proche du milliard déjà perdu en 2009. D’où les décisions en chaîne depuis plusieurs années de supprimer des sites de production et les emplois qui vont avec (TOTAL et sa raffinerie des Flandres en 2010… Pétroplus et le site de Reichstett dans le Bas-Rhin au mois de juin dernier…)… à la fin des années 70, la France comptait 23 raffineries contre à peine une dizaine aujourd’hui.
De quoi souffre exactement le secteur du raffinage ?
D'une surcapacité de production et de débouchés insuffisants. Cette baisse de la demande, on la constate particulièrement depuis 2007 avec un coup d’accélérateur lors de la crise de 2008/2009. Les économies d’énergie n’y sont pas non plus étrangères… l’énergie nucléaire entraîne une moindre consommation de fioul… et puis l’intérêt croissant des Français pour les véhicules diesel a fait baisser les besoins en essence. Finie la période faste des années 70-80 où ce carburant était roi. Les syndicats dénoncent la main mise des financiers peu scrupuleux, mais soutenir à fonds perdus l'activité de certains sites reviendrait à maintenir sous perfusion un malade que l'on sait condamné. Difficile à encaisser pour les salariés.
Les problèmes sont-il uniquement d’ordre conjoncturel ?
Non. Ils sont également d’ordre structurel et ne concernent pas uniquement la France. On estime aujourd’hui à 10% la capacité du raffinage qui doit fermer en Europe. Le souci est que chaque Etat gère sa situation dans son coin et qu’il n’y a aucune réflexion commune sur la stratégie de reconversion à tenir sur le Vieux Continent. Enfin, il y a la force des producteurs étrangers. Les raffineries russes, et de plus en plus indiennes, exportent beaucoup vers l’Europe car leur carburant est bien moins cher. C’est la concurrence féroce des produits importés.
Le tableau que vous dressez est bien noir… y a-t-il quand même un avenir pour les 9 ou 10 raffineries restantes en France ?
370 emplois sont aujourd’hui menacés sur le site de l’Etang de Berre. Demain à qui le tour ?... les experts sont loin d'être optimistes pour l’avenir du secteur en France avec toutes les conséquences en terme de casse sociale. De là à conclure que nous n'avons plus d'avenir industriel serait faire fausse route... le tout étant de prendre les bonnes décisions au bon moment... ce qu'à su faire un port comme celui de Rotterdam aux Pays-Bas. Il n'a pas attendu pour moderniser l'outil de travail... aujourd'hui considéré comme le premier port mondial, ses raffineries traitent chaque année 400.000 tonnes d'hydrocarbures et les relations sociales y sont bien moins conflictuelles que dans le port de Marseille.
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