L'euro rassure et arrange le géant mondial Apple
Une grande première, effectivement. L'opération qui s'est déroulée mardi 4 novembre s'élève à trois milliards d’euros.
C’est une coquette somme, mais pas énorme au regard de ce que le groupe de Cupertino en Californie a emprunté aux Etats-Unis entre 2013 et le mois d'avril dernier. Sur cette période, il s'est endetté auprès des marchés de près de trente milliards de dollars (24 milliards d'euros).
Un emprunt libellé cette fois-ci uniquement en euros. Pourquoi ? Et que va-t-il faire de cet argent ?
Apple dit vouloir utiliser ces fonds pour les affaires générales de l’entreprise, investir et payer les dividendes à ses actionnaires. Pourquoi en euros ?
1/ les taux d’intérêts sont quasi nuls en Europe, la monnaie unique n'est pas chère, ce qui rend l’opération peu coûteuse.
2/ Apple est assis sur un véritable trésor de guerre (il dispose d’une trésorerie de 150 milliards de dollars – l’équivalent du revenu généré au niveau mondial par le travail forcé et illégal). Il pourrait largement financer ses investissements et rémunérer ses actionnaires avec ce bas de laine mais… c’est le troisième point :
3/ Ces importantes liquidités sont placées dans des comptes à l’étranger – Apple réalise les 2/3 de son activité hors des Etats-Unis –, et un rapatriement de cet argent sur le sol américain le soumettrait à une imposition énorme.
N’est-ce pas de l’évasion fiscale ?
Vis à vis des Etats-Unis oui. Mais pas vis à vis de l’Europe. Dans le cas présent, nous parlons d’emprunts financiers, pas de questions fiscales.
En tous les cas, c’est un vrai changement d’époque. Le précédent patron d’Apple, Steve Jobs, avait mis un point d’honneur à ne pas partager le butin avec ses actionnaires mais de le réinvestir dans l’innovation. La stratégie de son successeur Tim Cook est tout autre : le géant californien est devenu l’entreprise la plus généreuse du monde avec ses actionnaires devant le pétrolier ExxonMobil et l’opérateur téléphonique américain AT&T. Autre temps, autres mœurs.
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