L'étau des taux se desserre
Pour deux raisons : 1/ cela nous permet de rembourser à moindre frais notre dette colossale de 2000 milliards d’euros (les intérêts nous coûtent aujourd'hui grosso-modo 50 milliards par an). 2/ Le plus bas historique dont nous parlons concerne le taux d’intérêt à 10 ans. C’est à dire, non pas le court, mais le long terme. Au soir du jeudi 27 novembre, le taux à 10 ans il oscillait entre 0.9 et 1%. En Allemagne était aux alentours de 0.7%.
Pourquoi ce mouvement à la baisse ?
Les dettes française et allemande sont considérées aujourd’hui comme parmi les plus sûres de la zone euro. Notre capacité à rembourser ne fait pas de doute.
Et puis il y a de telles masses d’argent disponible qu'il faut bien le placer. Dans le contexte de tension sur les marchés financiers, les investisseurs recherchent la sécurité, se contentent d’une rémunération très faible de leur placement. Ils acceptent même de perdre un peu d’argent lorsqu’ils nous prêtent à des taux négatifs : récemment, Paris a emprunté huit milliards d’euros à trois mois à un taux de – 0,07%).
Le mécanisme est assez simple : les taux d’intérêts évoluent en sens inverse de la demande. Plus la dette est recherchée, plus les taux baissent. CQFD.
C’est donc la France et l’Allemagne qui insufflent à elles seules cette politique de taux bas ?
Non, il y a d’autres facteurs. La Banque Centrale Européenne entretient un climat de confiance en laissant entendre qu’elle rachètera bientôt de la dette souveraine pour soutenir l’économie de la zone euro.
Le niveau d’inflation, nul ou quasi nul, de part et d’autre du Rhin – inflation à laquelle sont corrélés les taux d’intérêts réels – nous aide aussi beaucoup.
Enfin, les opérateurs préfèrent financer leurs propres pays. Les banques françaises vont plus facilement acheter de la dette française, les banques espagnoles de la dette espagnole. En période de crise, on appelle cela le ‘’réflexe domestique’’, là où la logique devrait imposer une solidarité envers les pays qui en ont le plus besoin.
En tous les cas, attention aux effets pervers. Ce n’est pas parce que nous remboursons plus facilement notre dette qu’il faut en profiter pour dépenser plus. La maîtrise de la dépense publique doit rester la priorité.
En revanche, pour les particuliers, c'est le moment d'aller voir son banquier pour tenter de renégocier ses prêts.
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