L'alliance Renault-Nissan ou le sparadrap du capitaine Macron
C’est un dossier ultra-sensible pour le ministre de l’Economie Emmanuel Macron pourtant rompu aux arcanes du capitalisme. Les débats internes à la majorité, dont il est l’objet sur son caractère de jeune loup libéral, ne sont que pacotille à côté de ce dossier industriel dont dépend l’équilibre du désormais quatrième groupe automobile mondial. Un vrai cas d’école.
De quoi s’agit-il ?
Aujourd’hui, Renault détient un peu plus de 43% de Nissan qui, lui-même, ne possède que 15% de son allié français sans même posséder de droits de vote sur les décisions stratégiques.
Une note circule depuis environ un mois proposant un rééquilibrage de cet accord qui date de 2002. Nissan voit encore plus rouge – et le patron de l’alliance Carlos Ghosn avec – depuis que l’Etat a décidé de monter au capital de Renault de 15 à 20% en avril dernier.
L’agence des participations de l’Etat avait alors pris 5% du constructeur (14 millions de titres) pour décrocher des droits de vote double et obtenir un plus grand pouvoir de contrôle. Coût pour le contribuable : 1,2 milliards d’euros.
Ce dispositif avait été institué par la fameuse loi Florange destinée à donner plus de pouvoirs aux actionnaires de long terme, permettant au passage à l’Etat de réaliser une plus-value en revendant ses titres au bout de deux ans. On voit le résultat aujourd’hui
Le cas Renault-Nissan montre-t-il les limites de l’exercice ?
A Bercy on craint qu’un rééquilibrage entre Nissan et Renault se fasse au profit du Japonais et au détriment du Français. La loi Florange fut imaginée par Arnaud Montebourg comme un message envoyé à l’opinion pour la rassurer après l’épisode Arcelor-Mittal… loi dont l’actuel ministre de l’Economie Emmanuel Macron ne s’est pas affranchi, et avec laquelle il se débat aujourd’hui, tel l'apprenti sorcier sorti tout droit de fantasia de Wall Disney.Emmanuel Macron l’a rappelé hier : il refusera toute déstabilisation de l’alliance Renault-Nissan. Mais le locataire de Bercy et son administration auront-ils le dernier mot ? Rien n’est moins sûr.
Le pire serait que la loi Florange ne fasse éclater l’alliance Renault-Nissan. Les effets collatéraux seraient alors ravageurs, notamment en termes d’emplois.
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