Irlande, une économie atypique
N'allons pas trop vite en besogne. Certes, l'Irlande fait partie de ces pays qui ont reçu une aide de l'Europe et du FMI (85 milliards d'euros dont 60 milliards ont déjà été versés) en échange d'un plan de redressement drastique des finances publiques. Aujourd'hui, l'île est en mesure de se passer du reste l'aide prévue. L'Irlande, c'est surtout un taux de croissance légèrement supérieur à 0.9% pour 2012 (de quoi faire des envieux)... c'est aussi un retour sur le marché obligataire avec possibilité d'emprunter sur le long terme à des conditions avantageuses pour rembourser la dette. Et puis le pays a vu sa surveillance négative levée par l'agence de notation Standard and Poor's. Que rêver de mieux en ces temps troublés ? Mais attention, les faits sont têtus et Dublin a encore du pain sur la planche.
Qu'est-ce qui coince le plus aujourd'hui encore dans l'économie irlandaise ?
La situation du secteur bancaire et la dette publique... la première expliquant la seconde. Comme leurs homologues espagnoles, les banques irlandaises ont été victimes de leurs frasques dans le financement de l'immobilier entre le milieu des années 90 et celui des années 2000. Le secteur a subi de plein fouet l'explosion de la bulle, contraignant l'Etat à venir à son secours. D'où l'abyssale dette publique (près de 118% du PIB, 118% de la richesse nationale). Au début de la crise, l'Irlande était le seul pays avec l'Espagne à n'avoir aucun problème de dette publique. Mais en l'espace de quelques années, cette dernière a flambé en raison du coûteux sauvetage de ce maudit secteur bancaire qui, aux dires de certains experts, serait toujours dans un état de santé proche du grec et du chypriote.
Pourquoi l'Irlande n'est-elle pas plus attaquée par les investisseurs ?
Dublin bénéficie du caractère atypique de son économie. De tous les pays de la zone euro, l'Irlande est celui qui peut avoir la croissance la plus forte grâce à ses capacités exportatrices. Son "taux d'ouverture" (flux d'importations et d'exportations rapporté au PIB) atteint 100%. Même l'Allemagne que l'on sait très exportatrice n'est qu'à 50%... quant à la France, elle ne fait pas mieux que la Grèce avec un taux d'ouverture compris entre 25 et 30%. Plus un pays est ouvert, plus il est compétitif. L'Irlande profite de l'implantation de groupes étrangers qu'elle a su attirer grâce à un impôt sur les sociétés parmi les plus bas d'Europe. Psychologiquement, tous ces facteurs tendent à rassurer les investisseurs qui, pour l'instant, sont plutôt préoccupés par l'évolution de la situation en Espagne et en Italie.
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