Heures sup : le moment de vérité
En tout cas c’est le moment de vérité pour le chef de l’Etat. La croissance qui patine, le moral des ménages qui fléchit, la hausse du chômage en août : c’est l’effet de l’environnement international, ou même nous a dit l’ANPE… du mauvais temps de l’été. Pas de la politique du gouvernement.
A partir d’aujourd’hui commence en revanche l’application du programme. On va juger sur pièce…
Dans cette mesure, il y a deux objectifs. D’abord donner du pouvoir d’achat aux salariés. Là, il va y avoir un gain immédiat pour le gros tiers des salariés qui effectuent déjà des heures supplémentaires. Pour eux, sur ces heures sup, le salaire brut devient le net, soit – c’est une moyenne - un gain de 75 euros par mois, sans impôt. Ca revient à gagner plus en travaillant autant.
Mais l’idée principale, c’est d’augmenter le nombre d’heures travaillées en France pour stimuler la croissance. Et là, les effets sont incertains. Car pour les petites entreprises, jusqu’à 20 salariés, et pour les salaires supérieurs à 1 500 euros nets, la baisse des charges accordée sur les heures supplémentaires n’est pas suffisante pour compenser le fait qu’elles seront désormais rémunérées 25% de plus. Le dispositif n’est pas assez attractif : le coût des heures sup demeure plus élevé que celui des heures normales. Et il n’est pas sûr, dans la conjoncture actuelle, que les carnets de commande soient suffisamment garnis pour que les patrons aient vraiment besoin d’y recourir…
La mesure est donc accueillie ce matin avec un certain scepticisme…
Il y a en effet des zones d’ombre : les chefs d’entreprises apprécient de gagner en souplesse mais redoutent la complexité du système. Les cadres, dont le temps de travail n’est pas compté à l’heure, craignent de ne pas en bénéficier. Il faudra voir aussi s’il n’est pas détourné : salariés et employeurs pourront trouver un intérêt commun à afficher désormais des primes en heures sup, pour payer moins d’impôt. Les fonctionnaires s’interrogent. Et pour l’instant, les économistes ne tablent pas sur un effet important en termes de croissance et d’emploi. Tout cela pour un coût budgétaire de 5 milliards d’euros. A l’UMP on est conscient du risque et c’est pourquoi on annonce encore un renforcement de la loi dès cet automne pour pouvoir transformer des repos en heures sup. Il faut que les effets soient visibles avant les municipales de mars prochain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.