Hausses d'impôts, l'erreur de calendrier du gouvernement
Il va falloir un talent de persuasion hors normes à François Hollande ce soir sur le plateau de France 2 pour convaincre que la route empruntée au cours de ses dix mois passés à l'Elysée est la bonne. Après la hausse du chômage quasi historique depuis 1997 annoncée mardi, l'indicateur publié hier par l'Insee illustre et explique le décrochage du Président de la République dans les dernières enquêtes d'opinion, jusqu'au sein de l'électorat socialiste. Et ce ne sont que les premières ondes de choc de la bombe qui a explosé l'année dernière.
L'INSEE explique la baisse de pouvoir d'achat par la hausse des impôts... ce n'est pas la seule raison ?
La hausse des impôts a entrainé une baisse des revenus et de la consommation. Les impôts frappent les esprits et le gouvernement a commis l'erreur d'annoncer sa litanie de hausses de taxes à la rentrée de septembre à un moment où l'économie était déjà au ralenti. Cela n'a fait que le précipiter. Mais un autre facteur n'a pas été mis en avant : les entreprises ont eu des comportements beaucoup plus prudents que d'habitude en termes d'investissements et de stocks. L'INSEE montre qu'elles ont destocké... c'est à dire qu'elles se sont beaucoup moins réapprovisionnées après ventes. C'est symptomatique du manque de confiance en l'avenir. On destocke et on investit moins pour réduire notre dépendance au crédit bancaire. La conséquence est une moindre activité, donc une moindre croissance, un impact direct sur l'emploi, donc sur les salaires et le pouvoir d'achat... la boucle est bouclée.
Et cela ne risque pas de s'arranger dans les prochains mois ?
Sincèrement, on voit mal comment la situation peut s'améliorer. Pour consommer, il faut le moral. Or, comment voulez-vous avoir le moral quand on vous savez que le chômage ne peut qu'augmenter, vos revenus au mieux stagner (au pire baisser), que vos heures supplémentaires vont être fiscalisées, vos retraites diminuer, le coût du logement augmenter ? Ce cercle vicieux ne peut, malheureusement, que nous amener vers une phase récessive. L'INSEE a commencé à donner la couleur hier en confirmant le repli du PIB de 0.3% au quatrième trimestre 2012. Si les trois premiers mois 2013 s'inscrivent également dans le rouge – ce qui risque d'être le cas – la récession sera confirmée. Le décor du 20 heures de François Hollande est planté. Sans mauvais jeu de mot. On dit que le Président de la République ne devrait pas faire d'annonce particulière pour se consacrer à de la pédagogie, mais il pourrait aussi déjouer les pronostics. La date de son intervention n'a pas été choisie au hasard. L'Elysée savait très bien que les chiffres du chômage et l'enquête de l'INSEE sur le pouvoir d'achat tomberaient quelques jours plus tôt. Communication bien rodée. Restent le discours et les précieux arguments de langages pour convaincre.
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