Grands dossiers industriels : l'Elysée à la manoeuvre
Très politique, et pour cause. Nous touchons là au dernier fleuron de l'industrie française, aux transports avec le TGV et, surtout, au nucléaire. Eminemment politique aussi par la manière dont ce dossier est géré depuis le début et qui suscite la polémique. Il y a quelques semaines, c'était un jeudi matin, on apprend que l'américain General Electric propose de reprendre les activités énergies d'Alstom. Branle-bas de combat dans les allées du pouvoir. En deux ou trois jours, toutes les énergies dont déployées. Hors de question de laisser partir Alstom dans des mains américaines. La solution viendra-t-elle de Siemens au nom de la cause européenne ? En dévoilant son offre, le conglomérat allemand va jeter toutes ses forces dans la bataille pour séduire.
Où en est concrètement le dossier ?
Selon la presse allemande, Siemens offrirait désormais 4 milliards d'euros pour reprendre uniquement les turbines à gaz d'Alstom, renonçant dans le même temps à lui céder pour le moment sa branche ferroviaire.
Si ces informations se confirmaient, elles signifieraient un pas en arrière de la part du conglomérat allemand qui, dans une offre préliminaire, valorisait les activités énergies d'Alstom autour de 11 milliards d'euros. Quelle sera la place du japonais Mitsubishi dans cet accord ? La question reste posée. Une nouvelle réunion au sommet est prévue mardi matin à l’Elysée
L'Elysée, où une autre annonce a été faite ce lundi matin
Dans un tout autre domaine mais toujours sur le plan industriel. Le président de la République a reçu les patrons d'Airbus et de Safran. Airbus c'est la fusée Ariane, Safran ce sont les propulseurs. Les deux vont rapprocher leurs activités dans le but de résister à la concurrence grandissante de Space X (Space Exploration Technologies) qui propose des lancements de satellites de télécommunication à un prix inférieur au marché. Cette annonce intervient alors que les européens ont du mal à s'entendre sur le programme Ariane 6, le lanceur de satellites qui doit succéder à Ariane 5 d'ici 2021. Airbus Groupe détient actuellement 30% d'Arianespace dont le principal actionnaire est le Cnes, l'agence spatiale française. Récemment, le patron d'Airbus Groupe, Tom Enders, plaidait pour une révision de l'organisation de l'industrie des lanceurs spatiaux.
Quel est le rapport entre les deux dossiers ?
Aucun, si ce n'est la dimension politique. Le symbole. L'annonce de cet accord dans les lanceurs faite depuis le plus haut sommet de l'Etat délivre un message précis : l'Elysée est à la manœuvre. Tout dossier qui compte pour l'avenir économique de la France et l'emploi qui va avec est piloté au plus près, et il faut le faire savoir. C'est la force de l'image.
Enfin, dans le cas d’Alstom comme celui de Safran, pour François Hollande, c'est l'occasion de montrer la dimension européenne de son action. Ces deux dossiers relèvent de la stratégie industrielle sur laquelle les pays membres peinent à se mettre d'accord. Un Président actif sur tous les tableaux. Il faut marquer les esprits à l'heure où les critiques sur la gestion des affaires ne cessent de se multiplier.
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