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Gameloft, fin d'une saga familiale

C’est une nouvelle histoire qui va s’écrire pour l’éditeur de jeux vidéo pour téléphones mobiles Gameloft. Malgré une lutte acharnée menée par la famille créatrice de l’entreprise, le groupe Vivendi a réussi à s’en emparer
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le site internet de Gameloft (capture d'écran).)

March of Empires, Magic Kingdoms, Gangstar Vegas … Ces noms de jeux vous parlent peut-être. Et bien, ils changent de main à la faveur de la réussite de l’OPA hostile lancée par Vivendi sous l’impulsion de son patron, l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Huit mois d’une âpre bataille. Les frères Guillemot, qui ont créé Gameloft il y a 17 ans, s’opposaient à cette opération considérée comme purement capitalistique. Depuis la naissance de l’entreprise en 1999, Michel et Yves Guillemot étaient parvenus à en faire le deuxième éditeur mondial de jeux vidéo pour smartphones avec 7.000 employés, pas moins de 4.000 développeurs et des studios implantés aujourd’hui dans une vingtaine de pays dont les Etats-Unis, le Mexique, la Chine, le Japon.

Pourquoi la famille fondatrice a lâché l’affaire ?

Elle a annoncé hier "avec regret" qu’elle apportait l’essentiel de ses actions au groupe Vivendi car elle ne pouvait espérer de création de valeur de la part d’un actionnaire majoritaire avec lequel elle était en profond désaccord. Les autres actionnaires ont jusqu’au 15 juin pour apporter leurs titres. En réalité, c’était devenu le combat de David contre Goliath. Vivendi est monté progressivement dans le capital en rachetant les titres pour en détenir à ce jour plus de 61% et 55% des droits de vote. Les Guillemot voulaient garder leur indépendance, en vain. Mais le secteur du jeu vidéo est l’empire des créateurs. La corporation très indépendante des petites mains et des cerveaux en or pourrait se manifester. Vivendi en sait quelque chose : le groupe était sorti du secteur des jeux vidéo en 2013 avec la cession pour 6 milliards d’euros de sa difficile filiale américaine Activision, connue notamment pour les jeux à succès Call of Duty ou Candy Crash. Les créatifs avaient manifesté leur hostilité à l’opération. 

Quelle est la stratégie de Vivendi maintenant ? 

Vivendi et son mentor Vincent Bolloré, c’est l’ogre médiatique. Présent dans le cinéma, la télévision avec Canal+, l’Internet avec Dailymotion et aujourd’hui le jeu vidéo sur téléphones. Bolloré, c’est aussi le groupe de publicité et de communication Havas. Je ne vous fais pas de dessins sur les synergies évidentes à l’heure de l’open data (l’ouverture et l’échange des données informatiques). Gameloft, ce sont 20 millions de joueurs quotidiens dont les coordonnées représentent une force de frappe extraordinaire. En rachetant Gameloft, Vivendi met la main, non seulement sur les contenus, mais aussi et surtout la technologie d’analyse de données.Etape suivante : Ubisoft, l’autre empire fondé par les Guillemot avec les non moins célèbres jeux Prince of Persia, Assassin’s Creed et… les Lapins crétins , qui vont connaître de nouvelles aventures.

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