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France et investisseurs : une histoire d'amour

Emprunter de l'argent à des taux zéro, voire négatifs. Les particuliers en rêvent, certains Etats comme la France et l'Allemagne le font. N’est-ce pas le monde à l’envers en cette période tendue que nous traversons sur le plan économique ?
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© Maxppp Billets de banque)

La question est effectivement d’autant plus intéressante en période de croissance nulle ou quasi nulle, moment où les opérateurs de marché devraient redoubler de prudence pour prêter l’argent. Lundi 1er septembre, le taux d’intérêt auquel la France emprunte sur deux ans pour rembourser sa dette est passé pour la première fois en-dessous de zéro (-0,002%)… un peu plus élevé pour le 10 ans à 1,2% mais cela reste très appréciable. L’Allemagne, elle, emprunte en ce moment sur 10 ans à hauteur de 0.8%.

 

Comment cela est-ce possible ?

 

Il y a beaucoup de liquidités en circulation. C’est la conséquence des politiques de soutien aux économies occidentales par les banques centrales. La FED aux Etats-Unis, la BCE en Europe, prêtent de l’argent aux banques à des conditions très favorables pour soutenir l’économie réelle. Mais faute de confiance dans la conjoncture, les entreprises n’empruntent pas, il n’y a pas toujours pas d’appétit pour le crédit. Idem pour les particuliers qui restent d’une prudence de sioux.

Donc, cet argent disponible, les opérateurs internationaux le placent, entre autres, dans les pays qui ne présentent pas de risques majeurs et dont on sait qu’ils pourront rembourser sans trop de difficultés. Il y a aussi ce que l’on appelle le ‘’reflexe domestique’’ des banques qui préfèrent prêter à leurs pays plutôt qu’à d’autres Etats.

 

La France n'est donc pas considérée comme un pays à risque ?

 

Disons que nous profitons d’un contexte général : les investisseurs estiment que les menaces d’éclatement de la zone euro sont derrière nous. Enfin, les banques qui vont être de plus en plus supervisées par la BCE préfèrent jouer les bons élèves.

 

Et cette histoire d’amour peut durer longtemps ?

 

Aussi longtemps que les banques centrales poursuivront leur politique monétaire accommodante, ce qui sera le cas dans les prochains mois, pour continuer d’essayer de relancer l’économie.

Mais pour que cette histoire d’amour ne finisse pas mal – comme ‘’certaines en général’’ –, il faudrait que les entreprises et les particuliers profitent de ces conditions de crédit intéressantes pour emprunter et investir. Ce n’est pas le cas.

Loin de moi l’idée de jouer les Cassandre mais il ne faut pas se tromper : un pays qui emprunte à taux nul, ce n’est pas systématiquement signe de vitalité et de bonne santé. Un pays en bonne santé est un pays qui investit, qui innove et qui recrute… bref, un pays à qui on donne suffisamment d’atouts pour qu’il ait confiance en lui-même.

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