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Faut-il vendre les HLM ?

Le congrès de l’habitat social s’est achevé hier à Lyon dans un climat très agité. La raison : Christine Boutin, la ministre du Logement, est venue demander aux élus locaux et dirigeants d’offices HLM de vendre 40 000 logements par an à leurs locataires. Mais l’objectif est loin de faire l’unanimité.
Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Sarkozy l’a dit pendant sa campagne électorale : il veut une France de propriétaires. Aujourd’hui, ce sont les plus aisés qui accèdent le plus facilement à la propriété. Démocratiser l’achat du logement est une idée apparemment séduisante. En 2006, environ 5 000 locataires du parc social ont pu acheter leur appartement, au prix moyen de 50 000 euros, bien inférieur à celui du marché privé.
Pour les organismes HLM, c’est aussi un moyen de récupérer des fonds pour lancer de nouvelles constructions. Mais en fixant de tels objectifs chiffrés, le gouvernement pourrait chercher à se désengager de plus en plus du financement du logement social, en laissant les offices y investir leurs propres ressources : ces dernières années, les subventions versées par l’Etat dans les programmes de construction n’ont pratiquement pas bougé alors que le prix des terrains explose dans les grandes villes, et que les coûts de construction ont beaucoup augmenté. Les normes sont plus exigeantes. On ne construit plus sans prendre en compte l’environnement et les économies d’énergie, on installe des caméras vidéos dans les halls d’immeubles, des locaux à vélos… Le gouvernement veut 120 000 nouveaux logements sociaux par an. Mais faute de moyens, il n’y a eu que 60 000 mises en chantier l’an dernier.

Qu’en pensent les locataires d’HLM. Y a-t-il beaucoup de demandes pour acheter son logement ?

Pour des couples à revenus moyens, installés depuis 10 à 15 ans, la formule est attractive : elle permet de se constituer un capital sans trop s’endetter, avec l’espoir d’avoir remboursé au moment de la retraite. Mais les enquêtes montrent que les locataires n’ont pas toujours conscience que s’ils achètent, ils devront supporter des charges d’entretien beaucoup plus lourdes. Les maires craignent une dégradation de certaines copropriétés, une nouvelle fracture aussi : les logements qui se vendraient le mieux seraient évidemment les plus « hauts de gamme », laissant aux offices le patrimoine le plus social et le plus difficile. Enfin, cette question ne doit pas masquer l’un des grands problèmes du logement social : on y reste trop longtemps. En moyenne seul 1 locataire sur 10 quitte chaque année son appartement. L’écart avec les loyers du privé est tel dans les grandes villes que beaucoup de foyers sont bloqués. Ca ne laisse que peu d’espoir pour le million de demandeurs de HLM, dont les dossiers s’entassent sur des bureaux…

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