Facture énergétique : la France aime trop le gazole
Pourquoi les prix du carburant risquent de s’inscrire durablement à la hausse ? Aux raisons géopolitiques avancées ces dernières semaines avec les tensions autour de l’Iran, il faut ajouter des causes structurelles. Et il n’y a pas que les prix à la pompe. Le rapport des Douanes publié hier souligne que les importations de plus en plus importantes de gazole (+16% par an entre 2002 et 2010) sont l’une des principales causes de l’envolée du déficit commercial de la France au cours de la dernière décennie. Entre 2002 et 2010, notre facture énergétique est passée de 22 milliards d’euros à 48 milliards.
Pourquoi consomme-t-on autant de gazole aujourd’hui ?
C’est la conséquence de la diésélisation croissante de notre parc automobile. Les véhicules à essence ont moins la cote pour deux raisons : des conditions fiscales désavantageuses et le principe selon lequel un véhicule diesel pollue moins, ce qui reste à prouver.
Aujourd’hui, le gazole représente 80% de la consommation de carburant en France et l’offre de raffinage ne peut répondre à cette demande. D’où les surcoûts d’importation. Notre appareil productif fournit plus d’essence que de diesel. Cet appareil a mal vieilli, il paie le manque d’investissement des 20 à 30 dernières années… la concurrence des pays émergents a pris le relai à des coûts de production inférieurs. L’actualité quotidienne nous le rappelle avec l’exemple de Pétroplus. Les gros raffineurs préfèrent se replier sur des pays comme l’Inde, la Chine et la Russie plutôt que de rester en Europe. Les spécialistes estiment aujourd’hui à 20% la surcapacité de raffinage sur le Vieux continent. On exporte de l’essence raffinée mais on importe du gazole... les taxes sur tous ces mouvements alimentent environ 12% des recettes fiscales de l'Etat.
Reste le consommateur, vache à lait malgré lui.
Le prix du carburant a atteint en 2011 un niveau record à la pompe : 1,34 € pour le litre de gazole, 1.50 pour le super sans plomb. Il y a bien des solutions à l’étude au niveau européen pour limiter l’impact de la hausse des prix du brut comme une fiscalité commune. Elle préconise un alignement de la fiscalité de l’essence sur celle du gazole mais les 27 doivent de mettre d'accord. Cela est une autre histoire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.