Europe : pour un ''pacte de croissance'' avec les banques
François Hollande a appelé ses partenaires à injecter des liquidités dans le système financier européen pour faire en sorte que toutes les banques du Vieux continent soient consolidées. Le Président de la République s'est prononcé en faveur de l'utilisation du Mécanisme Européen de Stabilité pour recapitaliser les établissements financiers en lien avec la Banque Centrale Européenne. François Hollande a raison : une banque sans liquidités, n'est plus une banque... une banque sans liquidités c'est une coquille vide qui ne peut plus financer l'économie réelle.
Peut-on parler d'un changement de discours ?
François Hollande ne fait qu'anticiper la vaste réforme du système bancaire qui doit voir le jour dans les prochains mois. Les règles dites de Bâle III imposeront aux banques de disposer d'un niveau de fonds propres supérieur à leurs engagements de crédit... une autre réforme, d'inspiration britannique et que le candidat Hollande avait évoqué lors de son tout premier discours de campagne au Bourget, prévoit la séparation des activités de banque d'investissement et de banque commerciale pour éviter le mélange des genres... enfin, troisième réforme prévue, cette fois d'inspiration américaine... elle limite la spéculation par les établissements bancaires pour leur propre compte. De telles mesures avaient déjà été décidées aux Etats-Unis au lendemain de la crise de 1929 avant d'être abandonnées en 1999... à partir de cette date, on a vu réapparaître tous genres de dérives.
Et pourquoi leur retour sur le devant de la scène inquiète les professionnels du secteur ? *
Ils invoquent l'impact négatif de ces lois sur le crédit. Les liquidités qui resteront par sécurité dans les caisses des banques seront autant de sommes indisponibles pour injecter dans les entreprises et chez les particuliers. Il ne faut pas oublier que l'économie européenne est aujourd'hui financée à 70% par les banques et 30% par les marchés financiers. Certes, les banques ont leur part de responsabilité dans la crise, mais le retour de bâton par une régulation poussée à l'extrême pourrait avoir l'effet inverse de celui attendu : notamment remettre le financement des entreprises dans les mains des marchés. Donc oui à une régulation du secteur bancaire... les 27 vont devoir y réfléchir en détail très rapidement car renforcer la capacité de résistance des banques et leur permettre d'assumer leurs fonctions essentielles, c'est cela aussi le pacte de croissance.
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