Eurobonds et "project bonds", les deux mamelles de la croissance européenne
Les gouvernements européens et le Parlement de Strasbourg sont tombés d'accord pour débloquer 230 millions d'euros et les investir dans des projets d'infrastructures stratégiques. Il s'agit d'inciter des capitaux privés dont on attend un effet démultiplicateur pouvant mobiliser jusqu'à 4 milliards et demi d'euros auprès de fonds de pension, compagnies d'assurances ou autres investisseurs. Cet accord doit être validée par les Etats membres lors d'un sommet en juin et un vote au Parlement en juillet mais c'est d'ores et déjà un geste, et pas des moindres, puisqu'il permet de lancer concrètement les "project bonds" : ces emprunts communs destinés à alimenter la croissance par de grands travaux.
C'est à dire ? Quelle est la différence ?
Avec les eurobonds (que François Hollande tente d'imposer à Angela MERKEL), on mutualise les dettes pour partager la facture : le taux d'intérêt correspondrait à une moyenne des taux de chaque Etat émetteur pondéré par leur poids économique respectif. Autrement dit, les pays les plus fragiles de la zone euro bénéficieraient des taux des pays les plus solides (d'où l'opposition de l'Allemagne qui n'a pas envie de payer pour les pays les moins vertueux). En revanche, avec les "project bonds", on investit en commun dans l'avenir. Certes, c'est de la dette supplémentaire mais qui correspond à des actifs précis à travers les investissements réalisés. Les 230 millions dont je parlais participent de la naissance de ce mouvement. 230 petits millions issus de " fonds structurels "... des budgets virtuels que chacun des 27 Etats membres provisionne pour pouvoir les utiliser en cas de besoin. 230 millions, ce n'est rien au regard de la totalité des sommes virtuellement disponibles. Le budget de l'Europe se calcule sur un exercice de 7 ans. Nous sommes aujourd'hui dans l'exercice 2007-2013 et pour cet exercice, ce sont plus de 80 milliards d'euros qui n'auraient pas été dépensés.
Vous voulez dire que quelque 80 milliards d'euros dorment aujourd'hui dans les coffres forts des pays membres ?
Encore une fois : il ne s'agit pas d'argent sonnant et trébuchant. Quant au chiffre lui même, il prête à caution puisque, vu la situation de leurs comptes publics, beaucoup d'Etats n'ont plus les moyens de délier les cordons de la bourse. Et puis, si la règle est bien suivie, l'argent est mobilisable uniquement dans les pays et les régions qui respectent des critères bien précis. On voit que le système est très complexe... des pressions sont exercées sur Bruxelles pour assouplir les règles... certainement un prochain sujet de conversation pour les 27.
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