Espagne, une décennie économique perdue ?
Avec le vote d'hier, se poursuit un processus qui était ni
écrit, ni planifié, remplaçant un à un les gouvernements des économies
européennes chancelantes. Il y a eu la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Italie,
ainsi que la Finlande et le Danemark. Mais contrairement à l'Italie ou la
Grèce, le nouveau leader espagnol, Mariano RAJOY, est sorti des urnes, choisi
par un peuple comme un nouvel espoir… un peuple qui assume son choix : la
victoire de la droite sur les socialistes s'est faite sur la perspective de
sacrifices annoncés. Comme l'a très bien résumé un électeur : « on
peut choisir à quelle sauce on va être mangés mais on va être mangés, de toute
façon ».
De quoi souffre l’Espagne, quatrième économie européenne ?
Avant tout du chômage... il touche 21% de la population
active, (soit environ 5 millions de chômeurs, plus de 45% des jeunes de la
péninsule n'ont pas de travail)... c'est le taux le plus élevé de l’Union
européenne ; 1 espagnol sur 5 vit sous le seuil de pauvreté. Déficit
public : 9,3% du PIB en 2010 à ramener à 3% en 2013… même la Banque centrale
d’Espagne doute de l’objectif. Croissance 0% au troisième trimestre de cette
année... et puis la bulle immobilière qui a laissé sur le carreau de nombreuses
entreprises et bâtiments invendus, aujourd'hui encore inoccupés. Conséquence directe : un secteur bancaire
défaillant avec sur les bras 176 milliards d'euros de crédits douteux et de
biens saisis. A l'heure où nous parlons, le total des dettes du Trésor et des
banques espagnoles arrivant à échéance en 2012 s'élève à 335 milliards d’euros.
Face à ce gouffre, il y a les solutions à court et moyen
termes.
L'immédiateté,
c'est la rigueur... contrairement aux grecs qui manifestent violemment, les
espagnols sont prêts à se serrer la ceinture et subir des coupes budgétaires
notamment dans l'éducation et les retraites. Pour Mariano RAJOY, il faut
envoyer les signes clairs pour rassurer les marchés et relâcher ainsi la
pression mise sur les taux d'intérêts auxquels le pays se refinance.
Aujourd'hui, environ 7% contre 1,8 pour l'Allemagne. Viendront ensuite, mais
très rapidement, les négociations avec le FMI et le Fonds Européen de Stabilité
Financière… des institutions déjà très sollicitées... d'où l'importance pour la
banque Centrale Européenne d'entrer, elle aussi, dans la danse. En ce moment,
seule la force de frappe et les outils dont dispose la BCE rassurent les
marchés.
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