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Espagne, l'esprit du plan de sauvetage

Outre les élections législatives, le week-end a été marqué également par l'actualité économique et la mise en place, par l'Europe, d'un plan de sauvetage des banques espagnoles. Peut-on parler de la fin de la crise en Espagne ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Non. On aura juste gagné un peu de
temps pour rassurer les marchés dans l'attente des élections grecques dimanche
prochain. L'objectif du plan décidé ce week-end est d'assainir le système
bancaire espagnol asphyxié par son exposition au crédit immobilier. Fin 2011,
184 milliards d'euros de crédits posaient problème, notamment des prêts
risquant de ne pas être remboursés. Les 100 milliards que l'Eurogroupe s'engage
à prêter à Madrid ne sont pas lâchés comme cela dans la nature... cette somme
sera attribuée au gouvernement espagnol qui sera chargé de répartir les
précieux deniers en fonction des priorités et des urgences. Les banques ainsi
renflouées retrouveront progressivement leur rôle de financeur de l'économie
réelle.

D'où viennent ces 100 milliards
d'euros ?

Des caisses des 17 Etats membres de
la zone euro via le Fonds Européen de Stabilité Financière auxquels les pays
cotisent. Comme Paris fournit 20% des dotations du FESF, l'opération déclenchée
ce week-end nous coûterait donc 20 milliards d'euros mais sans impact immédiat
sur le déficit public puisque cette somme correspond à une créance
remboursable. A terme, la France récupèrera sa mise, sauf si l'Espagne ne
rembourse pas. Restent aussi à connaître les conditions auxquelles ces 100
milliards seront prêtés à Madrid : la durée du prêt et les taux d'intérêts.
Actuellement, l'Espagne emprunte sur les marchés à un taux, très élevé, supérieur
à 6%. L'Eurogroupe devrait lui prêter environ à 3%.

Peut-on dire qu'en obtenant cette
aide auprès de ses partenaires européens, Madrid a évité le pire ?

Oui car sa souveraineté n'est pas
entamée. Un plan d'aide généralisé à l'Espagne, comme on l'a fait pour la
Grèce, aurait nécessité en contrepartie des sacrifices budgétaires. Mais il ne
faut plus parler de mesures d'austérité... on a préféré contourner l'obstacle.
D'ailleurs, un sauvetage direct de l'Espagne nous aurait coûté, selon les
estimations, entre 460 et 600 milliards d'euros. Impossible à financer. Donc on
renfloue les banques... elles sortent la tête de l'eau... et parallèlement on
envoie un signal aux marchés pour qu'ils ne regardent plus la dette espagnole
d'un mauvais œil.

Et est-ce la bonne méthode ?

 Disons qu'elle présente un risque :
celui de ce que l'on appelle "l'aléa moral". En aidant un pays, on
envoie un signal à d'autres capitales en difficultés qui pourraient réclamer
les mêmes conditions avantageuses. Après la Grèce (a qui on a déjà prêté 240
milliards d'euros), l'Irlande (85 milliards) ; le Portugal (78 milliards),
aujourd'hui les 100 milliards à l'Espagne... à qui le tour ? On voit en
toute logique l'Italie mais la situation y est différente. Les fondamentaux
économiques y sont plus solides... son industrie, notamment, automobile,
exporte correctement et son déficit extérieur est bien plus faible que le
nôtre. Finalement, on a peut-être fait le tour des pays les plus
problématiques.

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