"L'heure estvenue pour les énergies renouvelables d'entrer sur le marché ! " Toutest dit dans cette phrase du commissaire européen à la Concurrence JoaquimAlmunia. Elle résume l'esprit du texte adopté ce mercredi par la Commissioneuropéenne.Les nouvelles lignesdirectrices pour le financement de l'énergie au sein de l'Europe prévoient lasuppression, à terme, du système de subventions qui sera progressivementremplacé par un processus d'appels d'offres . Deuxième axe : les Etats membrespourront continuer à exonérer de la contribution au financement desrenouvelables les industries très consommatrices d'énergie (notamment lessecteurs de la chimie, la métallurgie, le papier et la céramique).Pourquoi laCommission décide de changer la règle Les raisons sontd'ordre juridique, économique et bien sûr politique. D'abord le juridique. Jusqu'àprésent, la stratégie climatique de Bruxelles autorisait les aides publiquesaux énergies vertes , autrement dit un régime dérogatoire aux règles de laconcurrence qui interdit justement aux Etats de subventionner tel ou telsecteur. C'est à cette exception que Bruxelles veut mettre fin .Le deuxième argumentdécoule directement du premier : ces dernières années, les subventions verséespar les Etats aux énergies renouvelables ont coûté très cher aux caissespubliques et donc au contribuable , pour des résultats bien minces.A l'heure où tous lespays cherchent à faire des économies, la question des subventions publiques devientproblématique, sans compter les effets de distorsion de concurrence . Il fautsavoir que la composition de ce que l'on appelle le "bouqueténergétique" (c'est-à-dire le choix des sources de productiond'électricité) est une compétence nationale. Chaque Etat tient à garder laliberté de fixer la part de chaque composante.Garderdes prix à un bas niveau Actuellement, le prixdu marché de l'électricité traditionnelle fournie en France est de 45 euros pargigawat produit. Pour l'éolien, ce prix monte à 65-75 euros et pour le solaireà 90 euros, soit le double du conventionnel . On voit l'impact sur la facturefinale du client comme vous et moi. Le but de Bruxelles est de réintégrerl'électricité verte dans les mécanismes de marché pour faire jouer laconcurrence et donc les prix .Vive réaction despartisans des énergies renouvelables Ils dénoncentl'influence des Etats dont les industries polluent. C'est le cas de l'Allemagne.Les allemands polluent plus aujourd'hui qu'hier en recourant au charbon aprèsavoir arrêté le nucléaire . Les promoteurs des renouvelables craignent aussi quele système de marché écarte de facto les petits acteurs comme les coopératives .Bruxelles ravive ledébat qui va très vite remettre sur la table la question du mix énergétiqueréputé moins coûteux (le mélange de différentes sources de production d'énergiedont le nucléaire, et à terme probablement le gaz de schiste). Mais nous n'ysommes pas encore. Pour l'instant, il va falloir faire avec les nouvellesrègles européennes qui entreront en vigueur dès le 1er juillet , dont l'ouverturetotale à la concurrence en 2017.