Egalité hommes-femmes : les amendes suffiront-elles ?
A travail égal, salaire égal. Et pourtant, les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes. Les lois votés en 83, 2001 et 2006, n’y ont rien fait : ça ne bouge pas. Il existe même des sanctions pénales mais elles n’ont jamais été appliquées. Le gouvernement choisit donc une autre méthode : celle de l’amende pour les entreprises qui n’auront pas commencer à négocier d’ici deux ans sur l’égalité homme-femme. Attention : on ne leur demande pas de l’avoir déjà réalisée. Le principe, c’est celui du bonus-malus, à la mode en ce moment : l’amende ne viendra pas alimenter les caisses générales de l’Etat mais aider les entreprises vertueuses à financer leurs efforts pour l’égalité salariale. Est-ce que ça va marcher ? Le problème c’est que l’on peut préférer payer l’amende que de s’imposer la contrainte. Regardez ce qui s’est passé avec la parité en politique, où des grands partis ont choisi de perdre pas mal de financement public plutôt que de présenter autant de candidates que de candidats aux élections. Pareil pour des communes qui ont se résignent à payer une taxe plutôt que de se décider à construire 20% de logements sociaux. Pour les entreprises, on a l’exemple de l’obligation d’emplois des personnes handicapés : un quart d’entre elles ont préféré ne rien faire et verser de l’argent à un fonds pour leur insertion. La sanction ne peut donc être efficace que si elle est suffisamment dissuasive, ce que promet le gouvernement, mais son montant n’est pas encore connue.
Oui mais tout cela, c’est comme un médicament qui soigne l’effet et pas la cause. Est-ce qu’on peut s’attaquer aux racines de cette inégalité professionnelle entre les hommes et les femmes ?
Vous avez raison. Et c’est difficile car on touche des comportements sociaux profondément ancrés. Par exemple si le chômage des jeunes est plus élevé chez les femmes, c’est bien parce que les employeurs sont plus réticents à les embaucher car ils anticipent le fait qu’elles vont tomber enceintes. Dans le couple, la femme gagnant moins, c’est elle qui rentre plut tôt le soir, qui s’arrête de travailler s’il y a un enfant malade ou des problèmes de garde, car la perte de salaire est inférieure. Il faudra beaucoup de campagnes de communication et d’évolution des mentalités pour changer les choses. Des grands groupes comme Axa ou Peugeot se sont lancés dans des plans de rattrapage mais c’est beaucoup plus dur dans les PME. Enfin, alors que la pression se fait plus forte pour réclamer des hausses de salaires, il n’est pas sûr que les hommes acceptent d’être moins augmentés pour permettre aux femmes de les rattraper.
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