Ecologie : à quand l'impôt "biodégradable" ?
C’est parce qu’elle est audacieuse que cette taxe a provoqué tant de débats. Quand on voit le catalogue de mesures arrêtées ces derniers jours pour rendre la planète propre, il est clair qu’il va falloir beaucoup trouver beaucoup d’argent. D’où l’idée d’un impôt qui servirait à financer toutes ces actions sur les transports, les énergies ou la recherche. Et c’est la première nouveauté de cette fiscalité verte, différente de la taxe sur les produits pétroliers qui, elle, alimente les caisses générales de l’Etat ou de la plus modeste taxe sur les activités polluantes, qui avait permis à ses débuts à financer les 35 heures ! La deuxième idée derrière la taxe carbone, c’est de frapper tous les produits en fonction du CO2 qu’ils émettent, directement ou de façon induite : peut-être quelques centimes pour des fruits et légumes dont le seul tort aura été d’avoir été transportés par avion et par camion, davantage bien sur pour l’essence, par exemple 10 centimes par litre au début. Et – troisième idée – à travers ce système on incite progressivement les citoyens, les industriels, les collectivités, à consommer moins ce qui pollue, exactement comme la taxation des cigarettes vise à vous faire arrêter de fumer. Des économistes de l’OFCE parlent même d’un impôt «biodégradable», parce que dans un monde idéal, à force d’avoir fait évoluer nos comportements et nos productions, il n’y aurait plus rien à taxer…
Si le principe est tellement séduisant, pourquoi Nicolas Sarkozy est il resté très vague sur une éventuelle application ?
Par sens politique d’abord : on se souvient ce qu’a coûté à la majorité l’annonce du projet de TVA sociale avant les législatives. On est à quelques mois des municipales. Mais surtout la taxe carbone soulève autant de problème qu’elle est censée en résoudre. D’abord la hausse des prix. L’essence augmente en ce moment. Va-t-on accepter de payer encore plus cher pour financer l’environnement ? Difficile au moment où on parle de relever le pouvoir d’achat. Comme on ne peut pas toujours se passer de sa voiture pour travailler, ce sont en plus les plus modestes qui vont être les plus frappés. Nicolas Sarkozy nous dit que cela devra se faire à impôts constants. Alors, quel autre impôt supprimer ? On parle de la taxe professionnelle. Mais peut-on se passer des crèches, des écoles, des services sociaux que les villes financent grâce aux recettes de cette taxe professionnelle ? Face à ces questions, Nicolas Sarkozy a aussi renvoyé le dossier à l’Europe, en proposant de taxer les produits importés des pays qui ne respectent pas le protocole de Kyoto, comme la Chine et les Etats-Unis. Toujours volontaire dans le ton, il n’est pas loin, dans les faits, de botter en touche.
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