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Discours de Villepinte : entre protectionnisme et libéralisme

Retour sur le discours de Nicolas Sarkozy hier à Villepinte. Abordons-le sur l’angle économique. Ce discours a été qualifié de protectionniste par les observateurs mais, sur le fond, ce n’est pas aussi tranché.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Tout est dit dans cette phrase prononcée par Nicolas Sarkozy : "le libre échange, oui... la concurrence déloyale, non !". A bien écouter le discours prononcé par le Président candidat, on a, effectivement, une charge défensive contre tout ce qui pourrait nuire aux intérêts de la France… mais cette charge est bâtie sur les règles mêmes de la liberté économique. Plusieurs exemples le prouvent. Les Etats-Unis, chantre du libéralisme, ont adopté le « Buy Business Act » qui impose à l’Etat américain d’utiliser exclusivement des produits fabriqués en Amérique dans les marchés publics ?... qu’à cela ne tienne… utilisons le même procédé chez nous.  Les Etats-Unis orientent l’argent public vers les entreprises qui choisissent de produire et de fabriquer sur le sol américain ? Faisons de même au niveau européen en construisant à 27 les règles qui le permettent et qui aident nos PMI-PME. L’Europe ne doit plus être une menace mais une protection. Ce qui n'est pas un strict rejet des lois du libéralisme économique.


Mais déplacer les sujets sur le terrain européen ne représente-t-il pas un risque ?*

En exigeant des réformes de l’Europe, seule capable à ses yeux de protéger la France, il ne ferme pas les portes à cette communauté de pays souvent accusée de tous les maux. Mais en matière économique, Bruxelles n'a jamais réagi au quart de tour... surtout, elle n'a jamais répondu aux injonctions d'un candidat en campagne. Donc, les arguments avancés hier peuvent apparaître comme simplement électoralistes.

Nicolas Sarkozy s’est-il démarqué des autres candidats, notamment François Hollande ?

Sans jouer exactement sur le même terrain, il n’en n’était pas très loin. Comment dire par exemple que l'on veut changer l'Europe quand on tacle son adversaire socialiste qui, lui, entend renégocier les Traités européens s'il accède au pouvoir. Enfin, certaines mesures existent déjà (une part importante des marchés publics européens sont aujourd’hui réservées PME). Quant au Buy European Act, il séduit la gauche depuis longtemps… Elisabeth Guigou, à l’époque ministre des Affaires européennes de François Mitterrand, y voyait au début des années 90 une contre-offensive européenne en réponse à la politique commerciale américaine. Donc pas de révolution antilibérale... pas de révolution tout court en terme de stratégie économique... simplement l’expression de quelques préoccupations dans l’air du temps.

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