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Dialogue économique : si tu ne vas à Pékin, Pékin ne viendra pas à toi

Pierre Moscovici termine une visite de 2 jours en Chine. Le ministre Français de l'Economie souhaite installer un dialogue économique "de haut niveau" avec Pékin.
Article rédigé par franceinfo
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A la base, il y a un rapport de force. Aujourd'hui, les investissements français en Chine représentent 13 milliards d'euros, les investissements chinois en France moins de 4 milliards. Pierre Moscovici veut réduire cet écart en incitant les entrepreneurs chinois à venir dans l'hexagone mais le problème n'est plus celui là car c'est ignorer les rapides et profondes mutations de l'économie locale. La Chine n'est plus un pays émergent. Ce n'est plus un atelier du monde fabriquant les produits pour les pays développés... la Chine est aujourd'hui un pays émergé qui produit pour lui-même. C'est devenu un marché domestique. Importation sur l'année écoulée : 0% ; exportations : +2%. L'Empire du Milieu et ses 270 milliardaires déclarés (en réalité peut-être plus du double si l'on en croît François Godement dans son livre " Que veut la Chine " chez Odile Jacob)... l'Empire est plus que jamais en position de force et de demandeur, mais spécifique et exigeant.

Dans ce contexte, quelle attitude la France doit adopter ?

Il est vain d'aller chercher en Chine des marchés d'exportation. Pékin est en train de muer en un système dont l'objectif est de rattraper les grands pays occidentaux. Inutile de vouloir donner des leçons sur le plan environnemental et social. Si la Chine a encore d'énormes efforts à faire dans ces domaines (et je ne parle pas des droits de l'homme, ni la liberté de la presse), l'environnement est désormais intégré dans la politique de développement. Quant aux coûts salariaux, ils progressent. Le salaire minimum augmente de 15% par an, d'où la volonté de la Chine d'aller désormais installer sa main d'œuvre dans les pays où elle est moins chère comme le Vietnam ou l'Afrique. Ce que Pékin offrait aux occidentaux il y a encore moins de 10 ans, elle va aujourd'hui le chercher ailleurs.

Donc, être partenaire de la Chine aujourd'hui, c'est miser sur le marché intérieur.

Inutile de leur vendre notre TGV. Ils savent faire car nous leur avons livré la technologie avec les premiers modèles. Désormais, ils attendent beaucoup de notre savoir faire nucléaire. L'automobile est le marché prometteur. Développons les solides partenariats existants dans l'aéronautique, dans l'environnement pour la dépollution de l'eau de l'industrie lourde. Quant aux 300 millions de personnes qui s'apprêtent à quitter les campagnes au cours des 20 prochaines années, construisons-leur des villes viables et propres grâce aux nouvelles technologies. Voilà dans quel état d'esprit s'inscrit la visite de Pierre Moscovici en Chine. Mais cela impose que l'emploi se développe sur place et pas en France... c'est le gros " Hic ! " de cette grande aventure.

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