Dette européenne, une histoire de dix ans
Comment éviter la faillite qui menace désormais concrètement Athènes si le gouvernement ne trouve pas 15 milliards d’euros d’ici la fin mars ? Les 17 pays membres de l'Eurogroup ont haussé le ton en réclamant au pays une accélération des réformes et un accord avant la mi-février avec ses créanciers privés. L'espoir est mince... le représentant du puissant lobby bancaire mondial a laisser clairement entendre que les établissements financiers étaient allés jusqu’au bout du possible. Comment faut-il interpréter cette déclaration ? Réponse dans les prochains jours. Les 17 se retrouvent également pour avancer sur le projet de nouveau pacte budgétaire... l'objectif est de renforcer la discipline budgétaire et éviter de nouvelles crises. On va donc reparler de la célèbre "règle d'or" sur le retour à l'équilibre des comptes publics.
Autre élément de la pression ambiante : le discours prononcé hier à Berlin par Christine Lagarde.
La Directrice générale du Fonds Monétaire International s’exprimait devant un cercle de réflexion privé et n’a pas mâché ses mots. Dans les termes diplomatiques qui la caractérisent, Madame Lagarde n’en a pas moins a botté les fesses des européens pour qu’ils mettent de coté leurs discordes sur les fameux eurobonds : il est urgent de mutualiser la dette européenne a-t-elle insisté... ce à quoi la Chancelière Angela Merkel a immédiatement répondu par un retentissant "nein". Christine Lagarde a utilisé des mots très précis en reprochant aux européens d'avoir, je cite : "laissé une vieille plaie s'infecter".
En quoi cette expression est particulièrement marquante à vos yeux ?
Ces mots, bien involontairement, prennent un sens particulier alors que l'on fête les dix ans de l'euro. Quand on regarde l'évolution de la dette en Europe - et pas exclusivement celle de la Grèce - on s'aperçoit que les germes de l'envolée de l’endettement remontent à la création de la monnaie unique en 2002. L'adoption de l'euro s'est accompagnée à l'époque d'une uniformisation des taux d'intérêt. Les pays économiquement sains qui bénéficiaient déjà de conditions avantageuses on vu leurs taux remonter (premier problème)... deuxième problème, les pays (pas les meilleurs de la classe) dont les taux étaient élevés ont vu leurs conditions d'emprunt nettement s'améliorer. On aurait pu s'arrêter là... le problème - et personne n'y a prêté attention - : ces pays ont profité de l'aubaine pour s'endetter plus que de raison. La crise mondiale s'est ensuite invitée... voilà où nous en sommes dix ans après. C'est ce que l'on appelle les leçons du passé. Aujourd'hui, l'Europe est en train de se construire une nouvelle discipline budgétaire.
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