Déficits publics : donner du temps au temps
C'est un sérieux ajustement de discours. Après avoir exhorté les pays européens à se serrer la ceinture, le FMI reconnaît aujourd'hui que cette rigueur peut avoir plus d'effet pervers. Faute avouée à moitié pardonnée... ce n'est pas ce que diront politiques et économistes qui avaient tiré la sonnette d'alarme il y a déjà bien longtemps. Le Fonds Monétaire a fait de nouvelles études, passé les chiffres à la moulinette pour arriver à ce constat : les objectifs de réduction de déficits ne pourront pas être atteints dans les temps prévus, sauf à enfoncer encore plus les économies... marquons donc une pause. Faut-il être grand clerc pour s'apercevoir aujourd'hui du caractère irréaliste – et irréalisable – de l'objectif assigné à Athènes ? Ramener son déficit de 7% du PIB en 2012 à 2% en 2014. Et puis, que dire de la croissance économique allemande limitée à 1% en 2013 contre 2% attendus, soit moitié moins ? Dans ce courant d'air entre Berlin et Athènes, c'est toute l'Europe qui s'est enrhumée, alors que les Etats-Unis et le Japon se montraient beaucoup plus prudents.
Christine LAGARDE n'est pas la seule à proposer un report des échéances. Le Président du Parlement européen Martin SCHULZ, a déclaré exactement la même chose hier soir.*
Oui, et on peut s'attendre à de belles prises d'armes lors des prochains conseils européens. Ce matin, en réponse à Christine LAGARDE et Martin SCHULZ, le ministre allemand des Finances Wolfgang SCHAUBLE affirme qu'il n'y a pas d'alternative à la réduction de la dette des Etats de la zone euro. L'idée est donc de continuer à resserrer les budgets tout en assurant la reprise. Les hausses massives d'impôts auxquelles on assiste un peu partout en Europe sont une solution de court terme. Elles brident le pouvoir d'achat, donc la consommation, et ne remplaceront jamais une politique volontariste qui passe par une réduction sérieuse – et REELLE – du train de vie des Etats, et une relance compétitive pour permettre aux entreprises de créer de l'emploi et éviter aux salariés laissés sur le carreau des crises de nerfs justifiées.
Il faut donc repousser le fameux objectif des 3% de déficits public par rapport au PIB que se fixe la France pour fin 2013 ? *
Christine LAGARDE et Martin SCHULZ viennent de donner le LA. Reste à le décider officiellement. Ce sera le débat des prochaines semaines. Mais au fond, que sont ces 3% de déficit si ce n'est un objectif arbitrairement fixé au début des années 80, sur un coin de table, par des fonctionnaires du Ministère des Finances, à la demande du Président de la République de l'époque, pour justifier aux français la politique menée. Un 3% français repris ensuite par les législateurs de Maastricht. N'est-ce pas ce logiciel qu'il faut revoir ? Le logiciel de la décision publique qui n'intègre pas suffisamment de réalisme économique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.