Déficit budgétaire, un bol d'air pour la France
Il y a précisément deux étapes aujourd'hui : la Commission
va donner ses propres prévisions de croissance pour la France en 2013 (selon
les dernières rumeurs, elles devraient être comprises entre 0 et 0.1%). L'autre
temps fort, c'est l'avis de Bruxelles sur notre capacité à maîtriser les
finances publiques. De cet avis dépend le report des sanctions financières
prévues en cas de non respect des objectifs (elles pourraient s'élever à
quelque 4 milliards d'euros mais n'ont aucune chance d'être appliquées). De cet
avis dépend aussi le rallongement des délais pour atteindre le fameux seuil de
3% de déficits publics initialement prévu pour fin 2013. L'objectif avait été
fixé par Nicolas Sarkozy et repris à son compte par François Hollande. Ce
report semble acquis. Bruxelles va constater les efforts réalisés par Paris.
Il faut dire que l'Elysée et Matignon ont multiplié les
signes ces dernières semaines.
Hier, Bercy a envoyé aux différents ministères le montant
des nouvelles économies qu'ils devront faire en 2013. Un gel supplémentaire de
2 milliards d'euros. Tous sont mis à contribution : la Défense devra se passer de 380 millions d'euros, l'Ecologie de 300
millions. Plus étonnant : l'Enseignement supérieur et la recherche devront
économiser 250 millions d'euros, l'Education : 95 millions.
Et après, que va-t-il se passer ?
Une croissance de 0 à 0.1% sur 2013, c'est d'abord un impact
financier immédiat. 1 dixième de point représente 2 milliards d'euros en moins
pour l'économie française dont 1 milliard pour l'Etat. Faites le calcul de la
perte probable entre 0.8 et 0.1% de croissance. Ensuite l'emploi. Selon
l'UNEDIC, si on fait réellement 0.1%, il y aura 178.000 chômeurs
supplémentaires et le taux de chômage pourrait monter jusqu'à 11% de la
population active. Reste le déficit. On
va le laisser filer entre 3 et demi et 4% cette année mais il va falloir
rassurer Bruxelles sur la manière de respecter l'objectif de 0 en fin de
législature en 2017. Sur le fond, Paris gagnerait à convaincre la Commission
européenne de ne plus évaluer les Etats selon le seul déficit public mais sur
la base du déficit structurel, c'est à dire qui ne tient pas compte les effets
de la conjoncture. Mais ce nouveau thermomètre n'exonèrerait pas le gouvernement
de poursuivre les efforts. Il ne faudra pas lâcher la bride comme il vient de
le faire en abrogeant le délai de carence chez les fonctionnaires. Au bas mot
60 millions d'euros d'économies réalisées l'année dernière hors secteur
hospitalier (c'est quand même l'équivalent du budget d'une commune de 20.000
habitants). Outre la relance de la guerre entre le secteur public et le secteur
privé, c'est un mauvais signal envoyé. Economiquement comme psychologiquement,
les petits ruisseaux font les grandes rivières.
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