Critéo, la start-up française tente l'aventure américaine
L'aventure de Critéo fait partie de ces histoires qui nous mettent du baume au cœur dans une actualité franco-française pour le moins anxiogène. Cette entreprise est à la fois un bijou de technologie et un concentré d'idées. Elle vend de la publicité sur internet mais pas de n'importe quelle manière : grâce à des algorithmes poussés, Critéo repère le goût des internautes et va ensuite proposer aux marques et enseignes de nous suivre, où que nous allions sur le web, pour nous proposer les dernières offres commerciales. Par exemple, vous aimez tel ou tel produit culturel, produit de beauté ou autre bien de consommation, soyez attentif : si vous avez déjà acheté un tel produit sur le net ou sur lequel vous vous êtes simplement renseigné, quel que soit le site sur lequel vous retournez, une publicité en rapport avec vos goûts apparaîtra à un endroit ou un autre de votre écran.
Comment se rémunère Critéo ?*
Les espaces publicitaires sont facturés sur un modèle de coût par clic. Les annonceurs ne paient que si le client ou tout internaute clique sur la bannière publicitaire. Une idée simple mais qui rapporte gros. Il fallait la trouver.
Et qui a eu cette idée ?*
Il s'appelle Jean-Baptiste Rudelle, 44 ans. On pourrait dire que c'est "Big Brother" qui s'immisce dans notre intimité. Le fait est qu'il a créé sa boîte il y a 8 ans, est parti s'installer en Californie en 2008 pour mieux s'adresser aux marchés américains et mondiaux, et puis il est revenu dans l'hexagone où il a rapatrié l'essentiel de sa R&D. Siège social à Paris et impôts payés en France s'il vous plaît... CRITEO compte aujourd'hui 15 bureaux dans 37 pays et emploie 700 personnes. 400 millions d'euros de chiffre d'affaires, en croissance permanente (plus de 200 % en 5 ans).
Pour sa première journée de cotation sur le Nasdaq hier, le titre Critéo a gagné 14% à 36 dollars (un peu plus de 26 euros). Pourquoi avoir fait ce choix du marché américain ?*
Pour lever des fonds (environ 200 millions d'euros attendus) qui lui permettront de se développer et, surtout, pour gagner en notoriété. Etre côté au Nasdaq c'est l'assurance de convaincre les clients. L'Europe n'a pas d'équivalent. Beaucoup militent pour la création d'un Nasdaq européen depuis des années mais rien ne vient. Nous préférons ronronner avec nos bonnes vieilles valeurs industrielles sur les marchés traditionnels. Les start-up ont du mal à trouver de l'argent ici, alors qu'aux Etats-Unis 80% d'entre elles sont financées par les fonds d'investissements.
C'est la principale leçon à tirer de cette histoire : le Vieux continent aurait besoin de prendre un coup de jeune. Mais le risque n'est pas notre fort de ce côté-ci de l'Atlantique. On lui préfère la fiscalité bien rassurante.
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