Conjoncture, croissance, déficit... le déni de réalité économique
Serions-nous en plein déni de réalité économique ? La question mérite d'être posée. Rebelote. Souvenez-vous, l'an dernier, Bercy avait maintenu mordicus ses prévisions de croissance pendant plusieurs mois malgré les nombreuses alertes lancées par les économistes et les instituts de conjoncture. Finalement, Pierre MOSCOVICI avait été contraint de reconnaître la réalité des faits : il avait été trop optimiste. On se retrouve aujourd'hui dans le même cas de figure. Au cours de la seule journée d'hier, le FMI et le Haut Conseil des Finances publiques, l'organisme justement créé par le gouvernement pour veiller au grain et éviter tout dérapage des finances de l'Etat, ont tous les deux clairement parlé de récession pour cette année. France Info révèle les prévisions de l'OFCE : l'Observatoire Français des Conjonctures Economiques affirme que la France connaîtra une récession de 0.2% cette année. Mais il y a pire puisque l'institut Rexecode parle d'un repli de notre économie de 0.4%.
Toujours la querelle des chiffres...
C'est l'éternel problème. Le Haut Conseil des Finances publiques n'avance pas de chiffre précis mais conteste ceux du gouvernement. Il va même plus loin en doutant de la pertinence de certains choix de politique économique. La structure présidée par Didier Migaud - qui n'est autre que le Premier Président de la Cour des Comptes - estime par exemple que le Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi "gagnerait à être davantage documenté". C'est un rapport explosif pour le gouvernement car ce précieux avis sera annexé au document que Paris va transmettre à la Commission européenne le 30 avril. Le message envoyé à Bruxelles est on ne peut plus confus et ne renforce pas notre crédibilité.
Vous voulez dire que nous sommes dans une impasse ?
On voit mal comment Matignon et Bercy peuvent tenir leurs prévisions. Et ce n'est pas reculer pour mieux sauter, au contraire. Pour réduire la dette qui va encore flamber l'an prochain (94% de la richesse nationale contre les 90% initialement prévus), il va falloir faire de nouveaux efforts (économies par réduction de la dépense publique et nouveaux impôts). Mais qui dit effort, dit message négatif envoyé à l'opinion. Exercice très difficile pour tout gouvernement, surtout en période de crise car c'est ajouter de l'inquiétude à la déprime. Enfin, reconnaître un taux de croissance inférieur signifierait l'impossibilité de tenir les objectifs budgétaires promis à Bruxelles. Autant dire que le gouvernement est dans une impasse et la chaussée est trop étroite pour faire demi-tour.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.