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Comme les voitures, des crash-tests pour les banques

Les plus grandes banques européennes passeront bientôt leur crash-test comme les voitures avant leur commercialisation. Pour les banques, cela s'appelle des "stress-tests". Le régulateur européen vient de dévoiler les détails du dispositif.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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L'image du crash-test
pour les voitures est tout à fait adaptée. Il s'agit de tester le seuil de
résistance des établissements financiers en cas de nouvelle grave crise
économique. Cela peut paraître technique, mais c'est très important pour chacun
d'entre nous qui disposons tous, normalement, d'un compte en banque.

D'abord
cela montre que les autorités ont tiré les leçons de la crise de 2008 : hors
de question de retomber dans les mêmes travers. Et puis c'est important pour le
fonctionnement quotidien de l'économie réelle : plus on sécurise le système,
plus on accompagnera facilement les efforts budgétaires que sont en train de
réaliser les Etats, notamment la France avec son pacte de responsabilité. Enfin,
sans véritablement le dire, cela va être l'occasion de faire la chasse aux
créances douteuses.

Concrètement, comment
cela va fonctionner ?

L'autorité bancaire
européenne a placé la barre très haut (beaucoup plus haut que lors des derniers
tests pratiqués en 2011). A partir de fin mai, l'exercice sera mené sur la base
des bilans arrêtés fin 2013 et sur une période de trois ans. Accrochez-vous.
Dans le pire des scenarii, les banques devront affronter une chute du PIB
supérieure à 2% (cela veut dire une machine économique totalement à la dérive).

Un peu sadique, le
Gentil Organisateur de la fête imagine une chute de 20% des prix de l'immobilier
en Europe sur 3 ans – de 2013 à 2016 –, et une dégringolade de 22% des marchés
actions uniquement sur 2014. Le stress-test porte bien son nom.

Les banques devront
prouver qu'elles peuvent gérer leur passif face à une hausse violente des coûts
de financement sur des marchés, eux-mêmes en pleine déroute.

Quelque 130 banques
de la zone euro passeront ces tests. Elles devront regonfler leurs coffres

Elles devront
renforcer ce que l'on appelle leur fonds propres, avoir en caisses nettement
plus d'argent qu'elles n'en ont d'engagé à l'extérieur. Selon la BCE, depuis le
mois de juillet dernier, sans attendre les stress-tests – qui ne sont
finalement que des exercices (le parcours du combattant avant la vraie guerre) –,
les banques européennes ont déjà renforcé leurs capitaux de quelque 100
milliards d'euros, soit en émettant de nouvelles actions, soit en cédant
certains actifs financiers ou tout simplement en ne distribuant pas de bonus ou
de bénéfices. La seule Deutsche Bank cherche encore cinq milliards d'euros d'ici
fin 2015.

Des exercices risqués
pour les établissements les plus fragiles

Les résultats de ces
tests de résistance seront connus normalement fin octobre prochain. Les
établissements qui se révèleront fragiles auront entre six et neuf mois pour
renforcer leur bilan, sans quoi, gare à la sanction qui pourrait aboutir in
fine à une fermeture pure et simple.

Nous n'y sommes pas
encore mais cette réflexion est bien avancée à Bruxelles. Un dossier que Michel
Barnier tient à bras le corps. Le Commissaire européen au marché intérieur prépare
une législation adaptée. Le tout est de savoir qui, au sein des institutions
européennes, aura la responsabilité d'appuyer sur le bouton le moment venu.

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