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Chute du rouble : la main des Américains ?

Le risque est désormais bien réel : la Russie est au bord du krach financier. Mardi, le rouble a encore perdu 20% de sa valeur et la bourse de Moscou a chuté de 17%. Même l’intervention de la banque centrale russe n’a servi strictement à rien.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© maxppp)

La banque centrale a relevé son principal taux d’intérêt à 17%, avec pour objectif de freiner la chute de la devise. Face à la baisse des prix du pétrole et à la situation tendue en Ukraine, les investisseurs vendent leurs roubles pour acheter du dollar. Relever les taux était censé relancer l’intérêt pour la devise russe en la rendant plus rémunératrice.

Mais qui dit hausse de taux, dit aussi ralentissement économique à terme : les investissements deviennent plus chers et la consommation s'en ressent. La banque centrale croyait bien faire mais les investisseurs l’ont vu autrement… à moins que d’autres raisons n’expliquent leur attitude.

Arrière-goût de guerre des monnaies

Sans tomber dans la théorie du complot, certains observateurs n’hésitent plus à avancer l’idée d’une possible action concertée et directement pilotée par Washington pour mettre Vladimir Poutine à genoux. Les sanctions internationales décidées contre Moscou après l'annexion de la Crimée n’ont pas eu d’effets ?

Qu’à cela ne tienne, passons à l’étape suivante : utilisons le rouble - déjà fragilisé par la baisse des cours du pétrole - comme arme de destruction massive pour faire entendre raison au Maître du Kremlin. Complice des Etats-Unis dans cette aventure : les acteurs financiers anglo-saxons basés, non pas à Moscou, mais à Londres et New-York.

Quel intérêt auraient-ils à agir de la sorte ?

Il y a les raisons géopolitiques et, surtout, commerciales. Le club des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine) est aux abonnés absents vis à vis des Etats-Unis. Ces pays essaient de trouver la parade pour remplacer le dollar comme monnaie d’échange. Moscou essaie de mettre au point avec la Chine des compensations directes en yuan et en rouble pour contourner le billet vert. Cela ne plaît pas à Washington... Barack Obama voit rouge.

Le rouble – et par extension la Russie tout entière dont les entreprises et la population sont pénalisés par la crise – subirait-il l’hypertrophie de l’égo américain ? La question est posée. N'oublions pas que les Etats-Unis viennent de se voir dépasser par la Chine en tant que première puissance économique mondiale. La vengeance est un plat qui se mange froid.

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